L'An 2010

Lundi 4 janvier
Banale reprise professionnelle. Demain matin, sélection de quatorze personnes pour une formation ASH avec un potentiel d’une centaine de candidats.
Dimanche soir, dîner chez Grace & Humphrey. Incroyable santé physique et psychique de ce couple dont l’âge cumulé dépasse les 170 ans ! Ce dernier morceau d’existence doit exalter le goût de chaque instant et ne pas s’encombrer d’inutiles morosité et amertume.
En cherchant le détail, on pouvait déceler chez Humphrey, quelquefois, une difficulté à fluidifier son débit oratoire, mais rien d’inquiétant à 88 ans. Grace toujours vive, élégante et généreuse. Un régal que d’être reçu dans leur nid douillet.
A noter, bien plus sombrement, certains dénis : ma BB, d’abord, qui tousse depuis des mois et qui ne le relie à aucun moment avec sa consommation tabagique. A ne pas se risquer à vérifier l’état des poumons, elle pourrait avoir de bien plus désastreuses surprises. Une liberté individuelle que je ne peux lui contester, mais simplement regretter sa traduction concrète.
Autre déni, chez son père André. Sur le trajet du retour, lors des deux courtes périodes où il a pris le volant, j’ai observé ses multiples micros pertes de conscience avec des yeux qui se ferment et une tête qui se baisse d’un coup et se redresse brusquement, comme lors d’un sommeil évité. Si, lors d’un trajet sur autoroute avec bords enneigés, il s’était une fois endormi au volant alors que j’étais devant à ses côtés, le réveillant de suite par la voix, je n’avais jamais remarqué cette succession de très brefs assoupissements. Pour sa compagne et sa fille auxquelles j’ai livré mes observations, il ne s’agirait pour lui que de détendre sa nuque. On peut le voir ainsi en espérant qu’une relaxation prolongée ne bousille pas quelques vies.
Camus s’écrasait contre un platane, il y a tout juste cinquante ans.

Dimanche 10 janvier
Pas la tête à écrire, se forcer un peu pour s’illusionner.
Philippe Séguin décédé et une flopée d’hommages suit. Vrai que le personnage était attachant, même vu de l’extérieur, et qu’une telle stature aurait convenu à la France si son peuple n’avait rembarré le brillant grognon cantonné au contrôle du bon usage des deniers publics.
A propos de gros sous, un malaise latent chez moi depuis un mois depuis un coup de fil reçu vendredi matin d’une société de recouvrement pour Céduflan. Le titre exécutoire remonterait à 1996. Et voilà l’infect passé qui remonte. Je vais devoir prendre des dispositions pour protéger les biens communs et me mettre en quarantaine.
J’attends leur courrier pour pouvoir contester si c’est faisable, ou négocier… éviter avant tout quelque saisie que ce soit.

Jeudi14 janvier, 0h41
Hier, 18 heures, j’appelle mon frère Jim : Aurélia a accouché il y a une heure de la petite Nalya. Ils sont heureux.
Eu ma chère Aline à propos de la démarche de la société Créanrec : stratégie de la fermeté en niant tout. Le début d’un combat juridique si cette société ne se dégonfle pas faute de documents.

Samedi 16 janvier
Fontès, un Pandora occitan ?

Au moment où la fresque "Avatar" nous catapulte vers le pire de l'humanité et nous conduit à affectionner des êtres évolués en symbiose avec la nature, il serait sordide et intolérable, à l'échelle locale et attachante de Fontès, que de bruyantes bottes économiques, arrivistes, viennent saloper ce nid préservé. Des Na'vi aux Fontesols, armons nos plumes pour les engluer dans leur jus de poussières…aux Fontesols, armons nos plumes pour les engluer dans leur jus de poussières...

Nous, on les connaît par cœur, ces entrepreneurs d’enlaidissement, de tintamarre à vous balancer, de destructions à pleurer. Nous, on sait qu’ils n’hésiteront pas à saloper le bel alentour si ça leur rapporte du sonnant et trébuchant pèze, quitte à rompre l’équilibre enchanteur de ce petit bout de terre. On le sait, oui, pas de faux-semblant, car ils nous ressemblent atrocement lorsqu’on laisse aller nos plus vénaux instincts et que se répand l’infect matérialisme prêt à passer sur l’autre pour assouvir sa frénésie possessive.
L’accaparement criard pour toute poésie d’exister, des tsunamis de poussières pour faire suffoquer et crever ceux qui résisteraient, le vacarme du concassage comme nouvel horizon… Pas sur Pandora, chez les idéaux Na’vi, que se trame l’envahissement, mais dans un coin du Languedoc, Fontès, petit village en pleine santé menacé par les défécations d’exploiteurs de carrières. Ils voudraient bien, les bougres, massacrer le paysage, éradiquer les senteurs occitanes aux portes d’un des plus charmants nids de l’Hérault.
Alors quoi ! Courber l’échine pour servir de marchepied à ces engraissés du toujours-plus-de-profits ou innerver notre refus par l’esprit de corps de tous ceux qui voudront soutenir ce significatif combat de la terre à cigales contre le fer à écrous ? Un conte à l’échelle humaine, quelques hérauts à la voix forte à défaut de Na’vi pour nous faire prendre conscience des saccages en cours. La beauté d’exister commence par le respect des univers que l’on foule. Fontès mérite cette gueulante rabelaisienne pour engloutir d’écœurants appétits.
De Pandora à Fontès, des spéculateurs financiers aux goinfres de l’économie dite réelle, la sinistre ritournelle n’incite pas à la mesure. Leur mettre le groin bien au fond de leur salissante démesure pour qu’ils retrouvent, peut-être, leur part d’humanité, celle qui pousse à refermer et à sceller toutes ces boîtes de Pandore.

Dimanche 17 janvier
Je viens de lire un courriel de maman : sous le choc. Sa vie avec Jean semble se déliter et elle va certainement s’ancrer à Fontès. La conscience d’une vie qui file, d’un âge qui augmente, une solitude absolue à Saint-Crépin avec lui qui travaille et un manque de communication. Tableau morose qui a eu raison d’une histoire apparemment sereine. Voilà un nouveau bouleversement pour ce début 2010 décidément chargé en événement personnels et familiaux. Qu’avec ma BB le lien soit du solide, c’est tout ce que je demande…
J’ai envoyé ce soir un petit courriel à Jean en lui indiquant que, pour ma part, je souhaitais maintenir un lien affectif avec lui quel que soit la voie prise pour leur histoire.
Voilà qui me laisse totalement démobilisé pour le lourd travail inachevé.
Le choix de maman de m’informer est lié à mon annonce que nous pourrions passer fin février… et qu’elle ne sera probablement pas là. Ces moments doivent être terriblement difficile à gérer pour Jean…

Lundi 18 janvier
Esprit bien morose ce soir. Entre cette épée de Damoclès surgie d’un passé que je croyais aux catacombes et la nouvelle d’une probable séparation maman-Jean, le cœur se ferme, l’esprit se concentre sur l’occupationnel sans intérêt.
L’atrocité de chaque instant en Haïti fait se dégonfler tout affect sur de si dérisoires motifs. Et pourtant… le ressenti de près vous tient aux tripes.
Fontès n’aura donc pas exactement cette position de lieu de rassemblement familial, pour moi, mais l’amorce d’une nouvelle phase d’existence à laquelle j’assisterai.
Ce soir, croisé Élo sur Msn. Après la fin de son histoire avec Julio que je n’aurais pas connu, elle cultive son retrait favorisé en cela par son choix d’une vie à la montagne. Semble peu disposée à revenir sur Lyon. Un lien de plus qui se délite. Il en restera, peut-être quelques bribes de conversations virtuelles.

Jeudi 21 janvier, 23h06
Un faire-part électronique m’est arrivé ce soir pour confirmer la belle nouvelle de la naissance de Nalya Decrauze, le 13 de ce mois.
Aucune nouvelle de maman, et encore moins de Jean, depuis l’annonce d’une probable et navrante séparation. Une réalité que je ne parviens toujours pas à assimiler tant cette décision était hors de mon champ de conscience avant d’y être confronté.
Le petit texte de soutien à Fontès a été accepté par le site du Monde comme chronique d’abonné. Une façon, peut-être, de donner un peu plus d’écho à ce combat, comme un ultime hommage à ma grand-mère qui aurait été si triste de cette fin d’histoire.
La société privée de recherches m’a adressé un deuxième courrier type sans répondre à ma lettre recommandée, comme une dernière tentative de démarche dite « amiable ». Sans réponse de ma part, c’est le créancier qui décidera de la suite à donner. Quelle curieuse procédure… Le dossier reviendrait à Céduflan, société rapace qui multiplie les publicités sur ses prêts variés, après avoir été confié à une société de recouvrement ? Bizarre, bizarre… Je ne céderai rien et leur signalerai toute erreur de procédure comme celle commise par Créanrec au regard d’un décret de 1996 qui régit son activité. A suivre, sans concession…

Lundi 25 janvier
Des pubs pour Céduflan et son empaffé de bonhomme vert en feuillage envahissent le Net. Tout est bon pour relancer leurs activités de prêteur peu regardant sur les conditions auprès des consommateurs. Après avoir été contraint de délaisser les spéculations à risques obscènes, mais tellement juteux, voilà la BNP-Paribas qui, par le biais de ce bibendum de la banque, comme un nouveau poupouce dans le rectum, va faire les poches des citoyens en quête de liquidités.
TF1 au service du président Sarkozy, beaucoup ont dû le penser en regardant son efficace prestation sur confortable terrain : des journalistes caressant dans le sens du poil et une brochette de Français peu remontés ou, dans un cas, sans talent rhétorique pour tenir le choc face au rouleau compresseur élyséen. Un peu comme ces génies des échecs qui mènent de front une dizaine de parties simultanément, le chef d’État a su exploiter à son avantage les dénonciations faites par ses contradicteurs. L’art premier d’un avocat-président.

Mardi 26 janvier
Avec l’appel de ce soir de la dame Dupond, en quête de prétendues vieilles dettes, le harcèlement téléphonique est caractérisé, et ce malgré mon courrier recommandé du 15 de ce mois.
Pour mémoire : premier appel un vendredi matin, avant 9 heures, avant l’envoi de leur premier courrier. Suivront des appels avec ou sans message laissé puisque je ne réponds à aucun. Trois messages auxquels s’ajoutent trois ou quatre appels.
Entre les manquements au décret de 1996 dans leurs courriers dits « amiables » et ces pratiques téléphoniques condamnées par la jurisprudence, Créanrec fait peu de cas du droit des accusés débiteurs, voulant récupérer le maximum avec un minimum de frais. Ils n’auront rien, strictement rien de ma part. Et si l’acharnement se poursuit avec des méthodes envahissantes, voire menaçantes, ce sera l’immédiat dépôt de plainte contre eux. Gare à leurs faux pas, donc…
  
Mercredi 27 janvier
Touchant et affectif courriel de Jean s’inquiétant de cette vieille affaire qui incommode mon début d’année et proposant son aide… Mon optique première est de ne pas dépenser un centime pour ces vautours prêts à se refaire du gras financier par tous les moyens.
Cette frénésie du gain à tout prix ne peut qu’exacerber l’envie de les « accrocher à un croc de boucher »… pour reprendre la sarkozyenne expression teintée d’un grain de Poutine… au fond des chiottes.
Pour revenir à du familial, nous irons probablement à Fontès le vendredi 5 février au soir pour l’anniversaire de maman, puis fin février à Rambouillet pour découvrir Nalya et enfin à Saint-Crépin pour revoir Jean. Un éclatement supplémentaire qui éparpille un peu plus encore nos tournées affectives.
Cette volonté de maman de s’ancrer à Fontès, en conscience du temps qui file et pour profiter au maximum du laps accordé, nécessitait-il une rupture de la sorte ? Surprenant, désolant, mais trop personnel pour avoir le droit de juger. Comme un effondrement de certitudes…

Dimanche 31 janvier
Au lit à 21 heures, pour se régénérer avant une laborieuse semaine, une de plus ! Vendredi, bruyante accroche au téléphone avec la Dupont de Créanrec qui me laisse un énième message sur le répondeur du fixe (en l’espèce enregistré par son supérieur). Je me mets en rogne lorsqu’elle me reproche de ne pas l’avoir recontactée alors qu’elle n’a pas daigné répondre à mes deux courriers. Cela ne servirait à rien de leur écrire… je me suis un peu emporté sur la fin, ne voyant qu’une suite judiciaire à cette affaire. A suivre, et ne rien lâcher.
Eu Jim au téléphone pour lui préciser notre visite le 20 février. J’apprends qu’ils ont été un peu chagrins de notre non venue pour la naissance de Nalya. Vrai que je n’ai pas ces empressements pour les heureux événements, préférant laisser les protagonistes vivre leur bonheur.
Une tare que j’assume dans mes raideurs relationnelles. A Noël, en quittant Jim & Aurélia, je leur donne l’impression qu’on ne se reverra pas avant l’été, alors que cette naissance annoncée aurait dû modifier ma gestion du temps.
Je reconnais bien volontiers cette faiblesse dans l’expression du ressenti et dans mon retrait relatif du monde. Et avec cette vieille affaire puante qui surgit dix-sept ans plus tard, ça n’arrange pas mon peu de disponibilité psychologique.

Lundi 1er février
Réalisme d’Obama et peut-être le premier acte d’une passation de pouvoir comme superpuissance. Les États-Unis renoncent à flirter de nouveau avec demoiselle Lune, annulant le faramineux programme de la NASA qui devait permettre de fouler au pied notre satellite d’ici 2020.
Les autorités chinoises maintiennent, elles, leur projet de conquête spatiale.
Quant à nous, on se contente d’un procès : le Concorde s’écrasant près de Gonesse.
A chacun ses aptitudes.

Dimanche 7 février
Surprise faite à maman en débarquant vendredi soir à la crêperie La cour pavée à Pézenas où Mona l’avait conviée pour le jour de son anniversaire. Surprise et plaisir totaux. Nous repartons ce jour après avoir fait un « arrêt café » chez l’oncle Paul.
Elle semble épanouie dans cette nouvelle vie à Fontès. La conversation nous révèle l’essoufflement de son couple, la morosité d’une vie isolée à Saint-Crépin, l’impossibilité de dialoguer… L’étiolement d’une dualité qui conservait toute l’apparence joviale et complice. Une illusion de plus…
A chacun sa liberté de choix : Jim & Aurélia propulsés parents depuis le 13 janvier et la naissance de Nalya ; maman avec un retour aux sources fontésoles, dans une joyeuse retraite et un célibat assumé, moi ancré dans mes équilibres avec ma BB et déterminé à combattre les nauséeuses résurgences d’un passé réprouvé… 2010 commence une nouvelle étape existentielle et s’impose comme le début d’un nouveau Journal.
Après le Journal à œillères qui campe l’aventure éperdue d’un gâchis programmé, le Journal à taire qui suit ma décennie lyonnaise et mon rejet du blet pays heïmien, un acte troisième de diariste en quête de  lui-même, pris dans des impondérables, acharné à conforter ses choix affectifs avec ses proches, mais d’une méfiance exacerbée avec le gros de l’humanité… Un Journal… à qualifier.
Ciel bleu de l’Hérault, ronronnement d’une machine à laver, ondes radiophoniques avec les antiennes de Xavier Bertrand et sa phraséologie si convenue… Un bien-être de l’instant qui inclinerait à une majeure orientation littéraire… se croire apte à autre chose que le compte rendu immédiat de mon état d’esprit, du factuel microcosmique, de l’imprégnation par l’alentour…

En vert et pour tout… financer

Nous avions eu le serviable Poupouce de la Société générale qui, à chaque occasion de la vie, proposait ses petits apports financiers comme une improbable philanthropie banquière. Rappelons-nous ses spots à la Bisounours
Voilà, depuis quelques semaines, son coquin copain. Le mélange des aspirations écologiques de proies potentielles et des impératifs économiques du marionnettiste BNP-Paribas : un gentil bonhomme feuillu estampillé Cétélem qui nous raconte l’art du prêt à toutes les sauces… Besoin de quoi que ce soit, envie de n’importe quoi, il est là l’adorable nain vert pour vous enfiler des subprimes ès consommation, quitte à vous faire dégorger vos tripes en cas de défaillance… A moins que, d’ici là, de nouveaux horizons spéculatifs rendent ringarde et trop peu rentable la séduction du ménage pour quelques milliers d’euros prêtés à des taux obscènes.
Joli décor d’entrée et sordides arrières cours, le temps n’est pas à la tolérance…
Après la Grèce, c’est l’Espagne qui est ravalée au rang de mauvais payeur. Les Etats ont tellement livré leurs finances publiques pour sauvegarder un système dévoyé par la sphère de la culbute financière, pour éviter l’effondrement systémique, que pointe le retour de massue pour les plus exposés.
Au bout du compte, au solde de la crise subie, quelles sanctions civiles et pénales auront été prononcées contre les protagonistes du ballet vénal ? Madoff, lui, a été cloué au pilori pour avoir spolié de richissimes candidats à la spéculation débridée, un comble… On aurait dû, au contraire, lui décerner un prix pour avoir œuvré à mettre hors circuit quelques parangons du gain à tout prix.
Il faudra attendre que des Etats, qu’on ne voulait pas admettre comme étant au bord de la faillite, sombrent pour que les crocs sortent et aillent faire rendre monnaie aux exacteurs impunis. Pour éponger les vertigineuses dépenses engendrées par ces malfaisants aux comptes pleins, il ne restera que la capacité de chaque peuple à rembourser et le talent de quelque politique pour faire digérer les temps de vaches maigres.
Le pire, serait le réflexe nationaliste, reprochant au voisin ce qu’on ne peut assumer soi-même. La masse compacte des investisseurs irraisonnés ou d’un cynisme criminel aurait alors raison des Etats les plus faibles, en attendant de plus belles prises…
Pendant ce temps ? Des établissements financiers reviennent à leur activité première, celle qu’il méprisait aux beaux jours de la frénétique financiarisation, des produits tellement complexes dans la pourriture que cette élite foireuse s’est jetée dessus, baveuse des rendements escomptés.
Au final, et si le chaos n’emporte pas tout, ce sera une part notable de nos prélèvements fiscaux qui compenseront les crasses inconséquentes de ces inaptes à… fustiger haut et fort !

Mercredi 10 février
La fragilité de cette paix tient à ce que chaque peuple trouve un minimum d’avantages à rester dans le camp du rationnel constructif. A force de désespérer le précaire, les salauds de la spéculation pousseront à la régression des comportements sociaux.

Mercredi 17 février
La série des nouvelles inattendues s’étoffe d’une professionnelle. Le responsable des formations, Luc D., seul cadre de la micro structure dirigeants mis à part, a décidé de quitter la société. Ces dernières semaines sa sombre humeur, son repli fréquent dans un bureau aux odeurs de renfermé, une certaine négligence physique, laissaient supposer des problèmes personnels. Il semble que sa dulcinée l’ait quitté depuis quelques mois. Le contrecoup, l’envie de la rejoindre (elle lui reprochait l’accaparement pro…) et d’autres facteurs l’ont décidé à plaquer ce boulot, à cesser l’aventure dont il avait vécu les premières années de lancement.
Un vide conséquent, une personnalité qui manquera et une réorganisation pour absorber ce choc.
Décidément, 2010 marque un tournant et justifie le changement de phase de ce Journal.
Finalement, ce que je prenais comme la premier des bouleversements, la tentative de Créanrec de déstabiliser mon précaire équilibre financier, n’aura été qu’un pétard mouillé. Dérisoire action se résumant à deux courriers type et une dizaine de coups de téléphone. A moins que, dans l’ombre, se prépare une plus grave attaque.
Effondrement d’acquis, de certitudes : une mauvaise série qui fait se déliter les repères d’une existence. Rien d’insurmontable, ni de déterminant pour mon propre parcours, mais des dissonances qui entament le décor familier.
Cela ne peut que conforter mon retrait du monde, n’assurant que la présence minimum pour maintenir quelques affections et garantir quelque pécule… Rester loin de tout, le temps que la vie passe.
                     
Samedi 20 février
L’éventualité d’une démarche d’huissier pour le compte de Céduflan reste en suspens, mais hier c’est au nom de Numéricable et pour la somme de vingt-six euros et trente cents qu’un agent assermenté m’a adressé sa missive type en guise de dernière démarche amiable !

Projet de courrier :

Maître,
J’ai apprécié la sollicitude de votre démarche amiable en lieu et place de Numéricable et pour la grevante somme de 22 euros et 30 cents.
Après avoir confié un temps ce lourd contentieux à une probe société de recouvrement, laquelle avait excellé dans le calcul de frais et intérêts représentant plus du double de la somme initiale, voilà que le réactif Numéricable se paye les services d’un agent assermenté.
Nous ne sommes plus, en l’espèce, dans la vulgaire affaire de gros sous, mais au cœur d’une question de principe. Vous trouverez ci-joint copie des courriers adressés à Numéricable qui n’a jamais daigné répondre aux indignations, se contentant de missives pavloviennes selon le processus prédéfini de l’impayé à recouvrer.
Ce n’est pas à vous, Maître, que je vais apprendre la base du droit contractuel : la non-exécution d’une obligation essentielle de l’une des parties dispense celle qui s’estime lésée. Ce fut exactement ma situation : face à l’incompétence méprisante des services de cette société, n’obtenant aucune réponse à un courrier circonstancié envoyé en recommandé, la rupture contractuelle s’imposait.
Je pourrais m’incliner, devant la modicité de la somme pour avoir la paix, comme on dit. Je ne cèderai pas, considérant le principe même de leur stratégie comme un acharnement abusif.
Pour l’anecdote révélatrice du je m’en foutisme d’un service clientèle déliquescent, je conserve le retour de la copie du courrier recommandé adressé précisément à l’adresse lyonnaise mentionnée sur l’en-tête et qui m’est revenu avec la mention « NPAI ». Présence incommodante pour se faire payer de l’indu, absence sidérante dès qu’il s’agit de répondre aux attentes légitimes d’un client. Comme un air du temps…
Mon refus de payer tout centime à cette société s’étoffera d’une demande de condamnation à des dommages et intérêts en sus des dépens si la voie judiciaire devait être retenue.
Croyez, Maître, etc.

Du 17 au 25 février
BNPA : impasse et paire… d’escrocs
A quoi joue l’extrême gauche française et, au premier rang, le NPA et son ambivalent Besancenot ? Une récente chronique d’Hamid Zanaz parue dans Le Monde éclaire sur d’infectes complaisances, voire de criminelles complicités.
Rien de flagrant dans le discours officiel, mais des fréquentations publiques et des gestes politiques qui cultivent une posture ambiguë. Permettre à l’une de ses candidates de porter son voile religieux sur la photo officielle d’une élection, c’est se torcher avec le principe premier de laïcité. S’acoquiner avec Salma Yacoub, qui combat l’habillement féminin occidental comme étant rien de moins qu’une « dictature des corps », c’est entériner l’assujettissement global de la société au réjouissant programme des intégristes. Elisabeth Badinter avait, il y a quelques mois, magistralement dénoncé la pernicieuse et régressive voie du voile intégral que certains réclament comme l’étendard premier d’une lutte contre notre forme de vie.
Que cette frange marginale, les tenants du fondamentalisme, trouvent écho chez certains anticapitalistes ne peut s’expliquer que par l’opportunisme : faire s’effondrer notre mode de développement économico-financier. Hamid Zanaz rappelle pourtant l’origine du mouvement islamiste : faire rempart à l’aspiration socialiste des nations arabes et à sa consubstantielle laïcité. Aucune cohérence donc…
En embrassant ce fascisme religieux, l’intégrisme islamiste, même timidement, l’extrême gauche confirme une incommodante ambiguïté : intégrer son combat aux règles démocratiques tout en ayant en tête leur mise à bas par un chaos redistribuant les pouvoirs.
Les accointances éclairent les arrières pensées d’un programme politique. En avril 2007, la LCR, déjà conduite par le subversif postier, réclamait le retrait sans conditions d’Afghanistan. Point une révolte contre l’impérialisme américain, mais le clandestin désir d’une retalibanisation de la société afghane. Laisser ces contrées sous la féroce férule des extrémistes religieux pour les soustraire aux obscénités capitalistes, en attendant la Révolution rouge cramoisie. Impardonnable stratégie que jamais, bien sûr, le NPA ne reconnaîtra.
Ce qui resterait folklore d’illuminés, si les pouvoirs politiques combattaient réellement les abjectes goinfreries des joueurs financiers, risque de s’ériger comme la voie salvatrice pour nombre de désespérés.
A l’autre bout, on retrouve donc des banques sans scrupule. BNP-Paribas, par exemple, qui annonce des bénéfices proches de cinq milliards d’euros pour 2009, dont la moitié fruit de placements spéculatifs à outrance et cinq cent millions à distribuer aux traders. Le message ? Se foutre du monde tant qu’il n’y aura pas quelques citoyens déjantés qui écharperont les parangons de ce tout-argent.
L’afflux de liquidités à très bas taux d’intérêt, injectées par les banques centrales et les Etats, n’ont pas servi à aider les pans sinistrés de l’économie, mais à graisser et à amplifier l’activité purement financière des banques. Des charognards propres sur eux, qu’on n’entendra jamais gueuler sur le pavé ou se répandre en incivilités, mais qui souillent le contrat social comme peu de délinquants y parviennent.
Au cœur des déstabilisations présentes et à venir la tentaculaire Goldman Sachs. A côté, BNP-Paribas fait figure d’établissement pépère, paisible et inoffensif. Sa spécialité : noyauter les sphères politiques pour neutraliser tout projet pouvant desservir ses colossaux intérêts, et miser sur tous les tableaux. Une banque d’affaires au marbre froid, au velours étouffeur de bruits et à la logique implacable.
Le système financier s’entretient et l’obsession captatrice se poursuivra jusqu’à sacrifier des Etats en perdition, un peu comme ces généraux de la Grande Guerre qui investissaient des tonnes de chairs à canon pour grignoter quelques mètres de boue. Les principes se résument à la primaire conquête, à l’amassement coûte que coûte, à la possession exponentielle… Barbarie capitonnée des salles de marché où chacun tient l’autre dans un ballet irrationnel, décervelé, amoral…
La BNPA ? Symbole des deux voies qui se rejoignent pour la même impasse. Si sursaut politique il devait y avoir, il aurait des accents radicaux qui ne feraient que substituer une oppression à celle, plus clandestine, éradiquée.
Quoi faire ? Peut-être conforter son retrait du monde, à la Léautaud, n’assurer que la présence minimum pour maintenir quelques affections et garantir un modeste pécule… Rester loin de tout, le temps que la vie passe…

- Depuis le TGV de retour. Découverte de la ‘tite mais bien vivante Nalya, visite à Jean dans l’incertitude totale, y compris professionnelle, passage chez pôpa et son noyau familial plus ancré que jamais. Il songe à prolonger son activité pro après l’âge légal de prise de retraite pour assumer l’entrée de ses garçons dans les études universitaires.

Projet de lettre à Madeleine Chapsal
Chère Madeleine,
A l’occasion d’un coffret de dix DVD, nous voilà un peu réunis. J’ai été touché par votre témoignage sur votre rencontre avec l’intarissable Céline, bête fauve retirée à Meudon comme Léautaud l’était à Fontenay. Des points communs entre ces misanthropes atrabilaires… et une façon de presque nous croiser. Surtout l’opportunité, pour moi, de vous témoigner de mon intacte affection même si la fréquentation ne s’est pas maintenue.
Au bonheur de vous avoir connue.
        
Jeudi 25 février
Au cœur des déstabilisations à venir, la tentaculaire Goldman Sachs qui va jusqu’à investir certains bouquins scolaires par le biais de textes pondus par le biais de textes pondus par des experts issus de son giron… C’est ainsi que j’ai connu son nom, il y a une dizaine d’années, par un écrit consensuel et aux apparences citoyennes.
A côté, BNP-Paribas fait pépère, paisible, inoffensif. On noyaute les sphères politiques pour neutraliser tout projet pouvant desservir ses colossaux intérêts et l’on mise sur tous les tableaux. Une banque d’affaires aux marbres froids, aux velours étouffeurs de bruit et à la logique implacable. Le système s’entretient et l’obsession captatrice se poursuivra jusqu’à sacrifier des Etats en perdition. Un peu comme ces généraux de la Grande Guerre qui investissaient des tonnes de chair à canon pour grignoter quelques mètres. Les principes se résument à la primaire conquête, à l’amassement coûte que coûte et à la possession exponentielle.

Jeudi 5 mars
Hommage sobre mais affectif d’Yves Calvi, à la fin de son émission, à Jacques Marseille décédé d’un cancer. Première figure familière de C dans l’air qui disparaît ainsi. L’économiste aux démonstrations chiffrées et passionnées était encore apparu sur le plateau de Calvi sans que rien ne laisse transparaître son état dégradé.
Je me sens bien plus proche de ces personnalités de débat, les Antoine Sfeir, Christophe Barbier, Roland Jacquard, Roland Cayrol, Dominique Régnier, Daniel Cohen, etc. que des stars consensuelles à la Johnny. Une indifférence prononcée à ces aires de paillettes sans épaisseur intellectuelle, sans envergure humaine, juste là pour divertir et s’enrichir.

Une semaine de préparation à l’oral du concours de Lieutenant sapeur-pompier s’achève. Culture générale, sujets d’actualité et plans de traitement se sont succédé dans un rythme effréné.
Demain soir, visite expresse des parents de ma BB, de sa sœur Louise avec sa fille Ilya. Occasion d’un affectif moment. Le temps qu’il doit rester à André & Annette commande de savourer davantage les instants partagés.
Se voir vieillir : les traits qui se marquent, le front qui se dégage, la résistance physique moindre, la peau moins élastique… Tout ça émerge en moi… Rester lucide et vivre plus intensément, mais le cœur y est-il enclin ?

Lente et inexorable dégringolade du continent européen et notamment de sa tentative pacifique de construction d’une entité politique. Au contraire d’être vieillotte et dépassée, l’Union européenne n’est-elle pas trop en avance face à l’immaturité des hommes de pouvoir nationaux chevillés sur leur souveraineté respective ? Un ensemble diversifié qui parvient à une harmonisation juridique, bientôt sociale et diplomatique, n’est-ce pas la démonstration expérimentale d’une possible convergence de peuples si récemment déchirés et qui ont pu dépasser les réflexes haineux de rejet, de stigmatisation dans lesquels se vautre sans retenue l’indigent et arriéré football.

Samedi 13 mars
Trajet nocturne, bords du Rhône, luminosité enveloppante et multiforme. Ne plus s’appartenir, fondre dans cette ville d’adoption, liens renouvelés et ancrage définitif.
J’irrigue mes transmutations idéologiques de tout ce qui m’apparaissait avant comme d’impardonnables déviances d’un Etat de droit républicain. Sans jamais m’exciter sur la haine totale, j’admettais quelques crasses manipulatoires pour mieux m’incarner dans le fil doctrinal du feu inspirateur, le toujours vivant Heïm qui se maintient comme l’increvable canard de Robert Lamoureux.

Dimanche 14 mars


Ferrat, un doux tonitruant

Oublions les antagonismes idéologiques pour saluer la puissance évocatrice de ses mélodies imprégnantes, de ses paroles ciselées pour une voix de montagne en velours chaleureux... Qu'il retrouve le Panthéon des géants sacrés de la chanson française. A vous les Brassens, les Brel, les Ferré, les Ferrat...

Sa mort me rappelle qu'à la fin des années quatre-vingts, lorsque des non camarades de classe pensaient à la pure distraction, je me laissais aller à l'écriture de paroles antimilitaristes sur l'air de La femme est l'avenir de l'homme, bien dans la tonalité du doux tonitruant :





Le temps aura perdu raison,
Il n'y aura plus d'horizon,
Et l'homme aura perdu sa môme.
Pour le jour où tous nous crèv'rons,
Je déclare à ces fieffés cons,
La bombe est le reflet d'votre mort.

Tout commenc'ra avec deux mots,
Et finira dans un monceau
De chairs, toutes indescriptibles.
Aujourd'hui les peuples s'apitoient
Certains se jettent de leur toit
D'autres se cachent sous leur bible.

Le temps aura perdu raison,
Il n'y aura plus aucun fond,
Le trognon d'Eve, seul sur le sol,
Rappel'ra la trace de ces pions
A qui je déclare sans passion :
La bombe est le reflet d'votre mort.

Pour arriver à ces souffrances
Où l'on n'peut mourir qu'en silence
Il a fallu de nombreuses guerres.
Et nous quitt'rons notre jeune âge
Juste pour apaiser leur rage
Qui a détruit notre vieille Terre.

Le temps aura perdu raison,
Il n'y aura plus d'floraison.
Les mères, tachées de sang, sanglotent
Devant tous ces corps sans galon
A qui je rappelle ma vision :
La bombe est le reflet d'votre mort.

Quand se perdra le dernier cri,
Que l'dernier corps sera raidi,
Quand tout remords s'ra impossible,
Je maudirai toutes ces armées,
Je cracherai sur ces gradés
Qui devraient tous être à l'asile.

Le temps a bien perdu raison,
Et il n'y a plus d'horizon,
L'homme a assassiné sa môme.
Pour ce jour où tous nous crevons,
Je dis à ces soldats, ces cons,
La bombe est le reflet d'Notre mort.

Mardi 16 mars
Cinq mille personnes pour le doux tonitruant dont le timbre…

Jeudi 18 mars
Bien peu inspiré pour laisser une phrase inachevée comme seule trace du 16 courant.
L’infernale fuite du temps imparti, les signes d’un vieillissement déjà perceptible, la disparition des figures qui formaient l’environnement humain, tout cela n’incline pas à se confier.

Mercredi 24 mars

Guillon pique, Besson trépigne

Raciste, Guillon ? Besson ne pouvait viser plus mal. La férocité guillonesque a cette générosité de carboniser sans s’effaroucher de l’origine politique, physique ou philosophique des proies. Un parangon d’altruisme pamphlétaire.
Rappelons-nous la fougue qui l’animait lorsqu’il croquait la libidineuse frénésie du ponte Strauss-Kahn. En quoi la coloration rose-socialo du FMIste Premier aurait-elle dû retenir les jets vitriolés de l’intraitable humoriste ? Pas de privilège qui tienne… Avant tout souligner les sordides travers des apparatchiks de notre temps, à quelque chapelle qu’ils appartiennent.
A découvrir la mine déconfite du Besson, pétri d’une hargne revancharde, haineuse et comminatoire, on peut être rassuré qu’il ne soit pas ministre d’un exécutif totalement liberticide. Lorsqu’il somme Nicolas Demorand de bien prendre conscience de ce qu’implique l’appartenance à une radio de service public (« Vous devriez y réfléchir… »), on entend le « Je m’en souviendrai » d’un Le Pen déchaîné contre un représentant de l’ordre qui l’empêche de tenir son meeting.
Que sous-entend le sinistre Besson ? Qu’il faudrait passer au poteau les membres de cette famille du service public qui osent s’en prendre aux serviteurs de l’Etat ? Le menton fuyant, selon Guillon, je dirais même veule : la tronche d’un très ordinaire exécuteur public.
Besson trépigne, Hees s’incline : une contrition qui éloigne un peu plus le PDG de France Inter de ses idéaux premiers… comme un renoncement sous la pression économico-carriériste. Le comble : ces excuses portent sur le recours à la critique physique alors que l’essentiel de la chronique du libelliste portait sur le fond.
Par ailleurs, depuis quand n’a-t-on plus le droit de portraiturer nos politiques ? Ce qui se fait par le trait du dessin (ô merci les Plantu et toute la troupe des Animaux qui nous gouvernent) ne saurait s’admettre dans la tradition orale, d’autant plus lorsqu’elle passe par les voies du sacro-saint service public. Piteuse déférence d’un autre temps.
 Besson attendra les colonnes du Parisien pour s’adonner à ce qu’il venait de fustiger, le talent humoristique en moins. Cela a eu le mérite de calmer pour un temps le puant rond-de-cuir ministériel. Le bougre voudrait bien croiser physiquement le chevelu Guillon pour échanger : verbe haut et interrogatoire musclé, sans doute.
Le torve Besson a  été nommé à un poste pour remplir des fonctions précises, pas pour intimider une voix indispensable au contre pouvoir et à la liberté d’expression. Interférer ainsi dans le programme phare d’un média sous le prétexte de fumeuses exigences d’un service public, c’est nier la vocation même d’une radio qui se doit de défendre, y compris contre le pouvoir en place et par définition provisoire, le pluralisme dans ses rangs.
Qu’il tempête, tant qu’il veut, mais qu’il ne se risque pas à entraver les précieuses poussées des polémistes lorsqu’elles défrisent sa roide posture, car il risque d’attirer de bien plus prégnantes attaques qui, elles, ne s’encombreront pas de l’esprit en verve.

Jeudi 25 mars
Anniversaire de ma BB ce jour : fêté avec ses parents de passage à Lyon le week-end dernier.
Boucles d’oreille dans la collection offerte pour ses 40 ans retrouvées : elle en a perdu une. Complément en forme de surprise ce soir.
Appris que maman a déménagé ses affaires, meubles… de Saint-Crépin cette semaine. Plus aucun retour à espérer. Le divorce devrait suivre rapidement.

Mercredi 31 mars
Moscou se fait éclater ses profondeurs métropolitaines par deux donzelles à la tenue explosive. Obama et Sarkozy se léchouillent pour la galerie médiatique. La Justice française refait son coup tordu du responsable-mais-pas-coupable inspiré par l’absoute Georgina Dufoix : Total s’en brosse les pognes. Les farc, Fieffés Abrutis au Ramdam Criminel, libèrent, mais au goutte-à-goutte. Bayrou persiste et signe son arrêt de mort politique : ses rares proches encore convaincus (comme la Cunégonde qui veut du fromage…) bichonnent leur trou d’autruche. La baballe footballistique emmerde toujours autant et donne matière fécale aux échanges nourris sur le zinc. Le Vatican cumule les déviances : il se voile la face et cadenasse sa Maison close, espérant que l’on compatisse au calvaire de ses membres pédomanes (selon le plus juste vocable proposé par l’inspiré Odon Vallet).

Dimanche 4 avril
Un courriel du 29 mars de maman, réceptionné qu’hier, nous apprend la suite logique d’une nouvelle existence suite à la rupture d’avec Jean : elle vit une histoire avec une très ancienne connaissance, à quarante ans de distance, un amour irréalisé… L’homme a 65 ans et un lourd handicap respiratoire. Nous le rencontrerons lors de notre passage à Fontès, pour l’Ascension. De nouvelles têtes, une atmosphère différente pour Fontès… Laisser murir sans se forcer. L’accroche se fera ou pas.

Prose vagabonde
Lyon m’a accueilli voilà plus de dix ans et sa dimension comble mes choix de vie. Cette ville favorise mon souffle indigné pour croquer les malfaisants, qu’ils sévissent dans les cités concentrationnaires ou sur les marchés financiers. Alors voilà : j’affiche mon ancrage dans ce tissu urbain aux proportions aérées pour mieux fustiger à tout va dès qu’un effluve incommode, sitôt qu’une pestilence s’impose.
Quoi donc dans l’actualité de ces dernières semaines ? Moscou se fait éclater ses profondeurs métropolitaines par deux donzelles à la tenue explosive. Obama et Sarkozy se léchouillent pour la galerie médiatique. La Justice française refait son coup tordu du responsable-mais-pas-coupable inspiré par l’absoute Georgina Dufoix : Total s’en brosse les pognes. Les FARC, Fieffés Abrutis au Ramdam Criminel, libèrent, mais au goutte-à-goutte. Bayrou persiste et signe son arrêt de mort politique : ses rares proches encore convaincus (comme la Cunégonde qui veut du fromage…) bichonnent leur trou d’autruche. La baballe footballistique emmerde toujours autant et donne matière fécale aux échanges nourris sur le zinc. Le Vatican cumule les déviances : il se voile la face et cadenasse sa Maison close, espérant que l’on compatisse au calvaire de ses membres pédomanes (selon le plus juste vocable proposé par l’inspiré Odon Vallet).
Laissons cette écœurante tablée de mets blets. Irrésistible envie d’écouter Albert Dupontel : propos à rebours des ambiances lénifiantes et crétinisantes du moment (quoique cette période vaille les autres, ni plus ni moins). Rare dans les médias, il confie ne pas supporter les instants de promotion d’œuvres réalisées. Une intelligence vive d’écorché indomptable, ne s’économisant pas dans l’autocritique, désespéré par l’inéluctable mort comme horizon d’existence. Entre angoisse et dérision, une humanité qui nettoie des postures moulées pour se fondre dans des communautés formatées.
Ma liberté, c’est de ne pas vivre de mon art. Rester sans pression autre que l’irrépressible besoin d’exprimer, de ferrailler contre les pseudos révolutionnaires qui se cachent sous de protecteurs pseudonymes, de dire au risque de se contredire et de ne pas tenir dans les cases idéologiques attendues. Ni droite, ni gauche, (ni Marx, ni Heïm), ni écolo, ni pollueur crado : modeste observateur qui laisse croître sa conscience d’un système en sursis. Un modèle qui se cherche, de sales réflexes qui résistent, d’obscènes dérives qui recommencent…
Bruno Sachs trimballait son insoignable maladie. Goldman fait mieux : Sachs la maladive empuantit l’alentour ! Une frénésie feutrée pour cumuler les culbutes financières, surtout lorsque les pratiques, pour y parvenir, se torchent avec les principes de base d’une vie respectueuse de la collectivité. Ce symbole de l’hypertrophie financière, que les États ne peuvent laisser s’effondrer sous peine d’un chaos sans retour, cultive l’impunité des voyouteries de luxe. Jouer sur tous les tableaux, contrôler ses adversaires et ses apparents compères pour mieux les pressurer le moment venu, siphonner toutes les sources de profits pour maximaliser sa puissance… N’y a-t-il pas là une nouvelle forme de crime contre l’humanité ? Point de sang versé, nulle intention d’éliminer telle section de la population, mais un ensemble de stratégies captatrices qui font risquer au système économique mondial d’imploser avant de laisser émerger de nouvelles barbaries.
En septembre 2009, Guillaume Durand faisait témoigner l’ancien trader Kerviel : ses arguments et son apparente sincérité tracent la salauderie d’une hiérarchie qui l’a sacrifié dès que l’emballement de ses positions a pris le mauvais sens. Vertigineux et insensé Casino avec l’argent des déposants. Le terme qualifiant l’activité des banques sur les marchés n’est pas d’un loufoque pamphlétaire comme moi, mais de Peyrelevade, ancien président du Crédit lyonnais. Tout ce que je dénonçais dans le Coup de pouce… dans l’cul suivi du Doigt bancaire profondément placé est confirmé par un des principaux acteurs qui a poussé au bout l’attente vorace de ses supérieurs avant de se faire lyncher dès que les vents du flouze facile se sont déréglés. Pour les cinq milliards de pertes mis sur sa tête, résultant de cinquante milliards de position, il laisse entendre que la Société générale aurait gonflé sa descente pour mieux dissimuler de plus interlopes pertes.
Tiens ! Une curiosité : notre belle banque française au Poupouce averti aurait fricoté avec la maladive Sachs qui infecte tout ce qu’elle convoite.
Les années s’écoulent, le témoignage se cabre, les relations s’étiolent, me confortant dans une indifférence attentive. Rien pour soulever une adhésion sans borne. Fini la naïveté du converti.

Samedi 10 avril
La belle saison s’amorce et Lyon déploie ses atours : trajet sur pistes cyclables protégées jusqu’aux bords du Rhône investis par tous ceux qui veulent goûter aux premiers rayons. De là, rejoindre le parc Tête d’Or pour un banc bien exposé.
Actu perso tous azimuts : pas de nouvelles de Jean depuis notre passage en février ; maman entame une nouvelle dualité et semble presque soulagée que ma BB et moi acceptions de le rencontrer lors de notre prochain séjour à Fontès ; pas de nouvelles non plus de Jim et sa ‘tite famille, mais cela respecte bien le suivi très aéré entre les membres de la famille ce qui n’amoindrit pas l’affection ressentie.
Côté pro, pour faire rentrer quelques sous, une session de Brancardiers doit débuter début mai. Je ne devrais les avoir que deux heures par semaine. Peu d’espoir que ce groupe dénote sur les précédents.
Le président polonais a laissé sa peau dans l’avion de ligne qui s’est écrasé. Et certains contestent aux hommes d’Etat l’avantage d’avoir leur propre véhicule aérien… Pour préserver la vie de nos adorés dirigeants, défendons leurs primordiaux privilèges.
Une belle pelouse d’insouciance, chacun à ses jeux, la baballe en tête du ludique… Un bonheur cultivé comme à la veille de désastres ou pour mieux ignorer les dévastations en cours. Alors que dans un mois nous fêterons les soixante ans de l’appel de Robert Schumann, acte fondateur d’une nouvelle ère européenne, l’UE n’a jamais tant ressemblée à une coquille vide, surdimensionnée et à la machinerie complexe, indigeste et de plus en plus inadaptée. A trop respecter l’immaturité des peuples pour une version fédérale, la construction s’asphyxie.
Bien peu d’enclin pour du développé, de l’approfondi. Mou de la plume, effet de la quarantaine sans aspérité ? Apaisante existence avec ses équilibres, des choix maintenus, un relatif retrait condition première pour supporter les facettes incommodantes de mes congénères. Les années s’écoulent, le témoignage s’ancre, les relations s’étiolent, me confortant dans une indifférence attentive. Rien pour soulever une adhésion sans borne. Fini la naïveté du converti.

Samedi 17 avril
Sortie de la mairie du 3ème pour une demande de renouvellement de ma CNI. Dernière carte faite en 1997 à Paris, mairie du 5ème arrondissement, face au Panthéon, siège retranché du couple Tibéri.
L’ancrage à Lyon s’affirme. Sur mon blog principal, en fond de haut de page, une vue de la ville dans son esthétique découpage bâtimentaire. Idée, à l’instant, d’ajouter « lyonnais » au titre : Loïc Decrauze, un Lyonnais pamphlétaire.
Sens de la bascule de civilisation ? Se repaître des monstrueuses filouteries de la basse finance banquière. N’y a-t-il pas, au sens originel, crime contre une humanité en perdition. A quand la condamnation à quelques siècles de trou des pourritures ayant animé ce désastre ?
Pourquoi ne pas s’afficher satisfait de sa ville d’adoption, comme un lieu affinitaire ? Un tracé aéré à suivre en vélo retiré de la circulation automobile. D’où j’écris, de notre nid, les chants d’oiseaux me parviennent.
Lyon m’a accueilli voilà plus de dix ans, et sa dimension comble mes choix de vie. Se colleter au monde en sursis tout en s’assurant un lieu de vie en phase avec ses impératifs.
Bof, bof… pas d’envolées inspirées alors que l’affinité n’a aucune réserve.
Quoi faire d’autre que grogner lorsque se cumulent tant d’écarts aux principes de vie en collectivité ? Lyon favorise mon souffle indigné pour croquer les malfaisants, qu’ils sévissent dans les cités concentrationnaires ou sur les marchés financiers. Alors voilà, j’affiche mon ancrage affinitaire dans cette ville aux proportions aérées pour mieux fustiger à tout va dès qu’un effluve incommode, sitôt qu’une pestilence s’impose.
Big Lutèce à la traîne avec ses Vélib mis en circulation plus de deux ans après nos Vélo’v, annonce d’un possible retour des quais de Seine aux piétons alors que nous entamons la deuxième belle saison avec des bords du Rhône enchanteurs. S’exalter par ces lieux urbains harmonieux et qui inclinent à descendre, littérairement, les salopards.
Goldman Sachs la maladive… irrépressible activité pour cumuler les culbutes financières, même lorsque les pratiques se torchent avec les principes de base de la vie collective. Symbole d’une hypertrophie financière que les États ne peuvent laisser s’effondrer sous peine d’un chaos sans retour, cela favorise l’impunité des voyouteries à pas feutrés. Jouer sur tous les tableaux, contrôler ses adversaires comme ses apparents compères pour mieux les pressurer le moment venu, siphonner toutes les sources de profits pour maximaliser sa puissance… N’y a-t-il pas là une nouvelle forme de crime contre l’humanité ? Point de sang versé, nulle intention d’éliminer telle section de la population, mais un ensemble de stratégies captatrices qui font risquer au système mondial d’imploser. Sans l’intervention d’un argent public, donc provenant des prélèvements obligatoires auprès des citoyens imposables, le système et l’ensemble de nos existences modélisées sombraient.

Mardi 20 avril
Monde de dingues, quasi paralysé, ou présenté comme tel, parce que nos zingues restent cloués au sol. Un phénomène naturel et c’est toute l’Europe qui s’étouffe.

Jeudi 22 avril, 23h19
Surtraitement médiatique des pauvres français bloqués à l’étranger. N’ont qu’à pas prendre l’avion. Quel piteux monde qui s’affole pour quelques annulations de transport. Ceux qui se disent passionnés par les voyages devraient réfléchir aux conséquences possibles de ces déplacements au loin lorsqu’une catastrophe naturelle ou provoquée par l’homme survient. Evidemment pas la moindre autocritique sur cette frénésie du séjour au loin. Ce qui importe, pour ces touristes revendicatifs, c’est que l’Etat couvre les dépenses supplémentaires engendrées. Hop ! ce soir l’annonce d’un million d’euros débloqués pour cela. Une poussière dans le déficit global du pays, mais une réponse qui rend l’Etat responsable de tout.

Dimanche 25 avril
A neuf heures sur les bords du Rhône. Des centaines de détritus, de bouteilles de bière et d’alcools divers salopent le tracé déserté. J’imagine le festoiement sans complexe de la soirée précédente. Une démonstration de convivialité avec ses fracas d’enivrements sans retenue.
Petit fantasme d’une organisation sociale un peu moins ventre-mou, voire légèrement implacable : identifier les individus auteurs de ces défécations comportementales pour les bannir de la commune.
Parmi ces pollueurs du site, certains doivent gueuler contre l’indigne Total, contre ces voyous de patrons et contre l’Etat toujours plus chargé de toutes les défaillances par ces irresponsables à la courte vue mais à la puissante nuisance.
Civilisation des frileux, obsédés par l’immédiate satisfaction des désirs, y compris lorsque ceux-ci contrarient l’intérêt général. Chacun accapare ce qu’il peut et l’Etat n’a plus les moyens d’une providence dispendieuse.
Les oies qui m’entourent ne doivent leur calme existence qu’à la capacité emprunteuse d’un Etat et de collectivités qui redistribuent pour pallier les carences et la fragilité financière de bon nombre de citoyens. Sans cette solidarité, la faim pousseraient certains à venir égorger quelques volatiles pour une survie organique. Les réflexes primaires germeraient sans trop de remord pour maintenir à flot sa vile carcasse de viande en sursis.

Mercredi 28 avril, 20h52
23h27. Soixante années qu’on tente de construire l’Europe. Un anniversaire en forme d’incantation d’un modèle moribond ? Le piteux spectacle de dirigeants prêts à laisser tomber un pays membre pour répondre au repli nationaliste des peuples préfigure un délitement du projet.
Premier signe d’une ambition très mal préparée : avoir fait entrer dans l’UE douze pays en moins d’une décennie sans avoir préalablement changé les règles de fonctionnement des Institutions. Amateurisme explicable par l’enthousiasme post 1989 et la volonté aveuglée d’un retour d’ex pays de l’Est dans le giron de l’Europe capitaliste.
Et puis voilà que la réforme du traité de Lisbonne ne répond pas à l’efficacité escomptée : on crée une fonction de président du Conseil européen pour donner un visage stable et une voix forte à l’UE, mais on confie ce mandat à un personnage sans envergure voire falot.

Jeudi 29 avril
Alors comme ça, d’un coup, une obscure société privée peut faire chuter un pays – Etat et peuple dans le même abyme – simplement par le sordide panurgisme des investisseurs internationaux ! Ce monde se dézingue, pas de doute !
De simples Agences de notation mettent en pièce la zone la plus pacifiée du globe, au prix de soixante ans  (merci Schumann, Monet) d’ambition européenne, au risque d’exacerber les pires réflexes nationalistes des peuples. Et rien, pas l’ombre d’un poing sur la table ou dans la tronche des invisibles censeurs par les dirigeants, soi-disant solidaires, de l’UE.
Alors oui, laxisme grec, portugais et espagnol. Ces États dépensent trop. Selon ce critère, la France n’a pas à être épargnée. Dans quelques semaines, mois, années, les mêmes agences pourraient faire joujou avec le triple A de la France : la fin des largesses budgétaires sonnerait. Les investisseurs se détourneraient alors vers de plus juteuses zones et le déficit cumulé ne pourrait être comblé sans d’énormes sacrifices de la population.
Resterait l’Allemagne, et quelques satellites budgétairement exemplaires, pour revendiquer le label UE, telle une coquille vide de sens. Péril à venir pour une construction européenne qu’aucun n’a voulue politique. A ménager les intérêts de chacun, on en a sacrifié la viabilité globale ouvrant la voie aux charognards. On est arrivé à une complexité institutionnelle tournant à vide où chacun des membres n’a comme obsession que de préserver ses intérêts propres.
L’UE volerait alors en éclats pour un retour aux nations accolées pour la rivalité. Mesurera-t-on qu’à l’origine du cataclysme il y aura eu ces quelques sociétés qui auront émis une opinion engendrant un chaos immaîtrisable à court terme. Il faudra alors repérer les individus à l’origine de ce qu’avait anticipé un documentaire par la faillite de la France en 2012… on sera même en avance tellement l’excitation de ces agences à user de ce pouvoir est démesurée.
A force de ménager les uns et les autres, comme s’y complaît le Von Rompuy, l’UE n’offre qu’un ventre mou. Les agences de notation n’ont aucune légitimité, mais une insensée capacité de nuisance renforcée par les tergiversations européennes. L’effet domino tant redouté pour les établissements bancaires (dont certains figurent aujourd’hui parmi les prêteurs) risque finalement d’atteindre les Etats eux-mêmes, lesquels avaient maintenu à flot un système au bord de l’abyme. Le chaos en serait beaucoup plus puissant.
Face au panurgisme financier, les Etats pouvaient réagir. Là, lorsque la Grèce est attaquée sur sa solvabilité, seule une solidarité entre Etats peut encore quelque chose. En cas d’échec, ce sera le retour à la barbarie pour sauver sa peau, avec peut-être une guerre civile européenne à la clef. Tout cela peut arriver très vite sans réaction coordonnée des dirigeants en place.
La France n’échappera pas à ce déclassement, car les investisseurs se détourneront vers de plus juteuses zones et le déficit cumulé ne pourra être comblé sans d’énormes sacrifices.

Samedi 1erMai
Eu Aurélia et Jim hier au tél. La ‘tite Nalya pousse et se féminise d’une abondante chevelure blonde. A trois mois et demi, la voilà lancée vers l’affirmation de sa singularité humaine. Avec un papa et une maman attentionnés comme elle a, le meilleur ne devrait pas avoir d’obstacle pour fructifier.

Dimanche 2 Mai

L’UE au piquet… (d’) exécution !

De sacrés veinards les évaluateurs cornaqués par Fitch Ratings, Moody’s ou Standard & Poor’s. Ce n’est pas de la mauvaise graine, du fumiste à l’occiput rasé de près qu’ils doivent noter. Ils laissent cette ingrate tâche, qui se densifie parfois d’une lame au cœur en représailles, aux enseignants reconvertis en garde-chiourme terrorisés.
Chez ces censeurs là, on ne fait pas sous soi, non ! On fourre bien profond des nations en perdition. Alors comme ça, d’un coup, une obscure société privée peut faire chuter un pays – Etat et peuple pour le même abyme – simplement par le sordide panurgisme des investisseurs internationaux ! Ce monde se délite, pas de doute !
Avec le cancre de l’UE, celui qui se fait dorer près du soleil, qui n’a que le farniente rémunéré en tête, qui a même trafiqué ses résultats au début de la décennie quatre-vingt du Vingtième pour passer l’épreuve d’entrée, on a du je-m’en-fichiste de premier choix ! Alors on dégrade, hop ! Le comble ? C’est que le bonnet d’âne grec devra payer l’agence qui l’a mis au piquet. Une jouissance en deux temps.
De simples agences de notation pourraient ainsi mettre en pièce la zone la plus pacifiée du globe, après soixante ans d’ambition européenne, au risque d’exacerber les pires réflexes nationalistes des peuples. Et rien, pas l’ombre d’un poing sur la table ou dans la tronche des invisibles censeurs par les dirigeants, soi-disant solidaires, de l’UE.
Alors oui, laxisme grec, portugais et espagnol. Ces Etats dépensent trop. Selon ce critère, la France n’a pas à être épargnée. Dans quelques semaines, mois, années, les mêmes agences pourraient faire joujou avec le triple A de la France : la fin des largesses budgétaires sonnerait. Les investisseurs se détourneraient alors vers de plus juteuses zones et le déficit cumulé ne pourrait être comblé sans d’énormes sacrifices de la population.
Resterait l’Allemagne, et quelques satellites budgétairement exemplaires, pour revendiquer le label UE, telle une coquille vide de sens. Péril à venir pour une construction européenne qu’aucun n’a voulue politique. A ménager les intérêts de chacun, on en a sacrifié la viabilité globale ouvrant la voie aux charognards. On est arrivé à une complexité institutionnelle tournant à vide où chacun des membres n’a comme obsession que de préserver ses intérêts propres.
L’UE volerait alors en éclats pour un retour aux nations accolées pour la rivalité. Mesurera-t-on qu’à l’origine du cataclysme il y aura eu ces quelques sociétés qui auront émis une opinion engendrant un chaos immaîtrisable à court terme.
Faut dire qu’elles avaient une revanche à prendre. Rappelez-vous leur crasse incompétence lorsqu’il a fallu anticiper la gabegie Subprimes… Là, plus de raideur inflexible, mais une suspecte abstention. Aucune impartialité chez les bougres. Des traînées de merde bien puante, ils en charrient des kilos sous leurs godasses vernies. Alerter sur ces produits financiers pourris, c’était se flageller avant l’heure. Ces agences de notation financière globales ont participé, plus ou moins directement, à l’élaboration des modèles de titrisation des crédits hypothécaires à risque. Une culbute financière de plus avant d’aller tirer l’oreille d’Etats qui, eux-mêmes, ont dû, dans l’urgence, colmater le système au bord de la banqueroute explosive. Un tirage du lobe qui ressemble bien plus au supplice du pal pour Papandréou ! Perfides officines qui ont une vertu, par incidence : confirmer l’avancée du délabrement de la construction européenne.
Dimanche 9 mai 2010, vers dix-sept heures, j’aurais une pensée pour les inspirateurs de l’UE. Fêter Schuman, Monnet et leur aspiration commune à une terre européenne enfin pacifiée, oui, vingt-sept fois oui ! Les soixante ans de cet appel fondateur rappelleront à nos esprits en vrac tout le bien-exister qu’on leur doit… même si la belle bête initiale n’a plus de charme pour les peuples toujours enclin au réflexe accusatoire dès que la solidarité européenne leur coûte.
Un hommage mérité donc, mais pour une intention brisée ; un anniversaire en forme d’incantation d’un modèle moribond. Bien plus que le coup de férule de Standard & Poor’s à la Grèce, c’est la navrante tergiversation des membres de cet ensemble qui désespère. Piteux spectacle de dirigeants prêts à laisser tomber un des leurs. Là c’est le triple E pointé !
Faire entrer de nouveaux pays, ça on est doué : performant, glouton, on est, au point même que nos dirigeants d’alors ont ouvert la porte à douze nouveaux copains sans même avoir changé, AVANT, les règles du jeu. Tout confiants, exaltés par l’enthousiasme post 1989 et la volonté aveuglée d’un retour d’ex pays de l’Est dans le giron de l’Europe capitaliste. Inconséquents, concons comme leurs pieds nos dirigeants pour croire au même enthousiasme populaire sitôt les flonflons rangés et le sujet institutionnel à l’ordre du jour. Ah ! le Chirac, quand il en balançait une, l’autre se décrochait ! A force d’animer ses gonades avant d’écouter sa Raison, il a dézingué l’attelage européen.
J’étais pour le Oui à la feue Constitution, mais je n’allais sûrement pas contester la légitimité du débat, tout comme la légalité du refus dans les urnes. C’est la gigantesque connerie du Conseil européen dans le choix chronologique des objectifs qui est à stigmatiser.
Quelques années inutiles suite à cette gourde gestion du planning, puis l’espoir d’un nouvel élan avec le tout nouveau frétillant de l’Elysée. Traité de Lisbonne adopté au forceps, tellement simplifié qu’il en est évanescent à la pratique. Une tartufferie que la crise rend plus grinçante encore à chaque annonce d’une dégringolade économique, financière et aujourd’hui budgétaire.
Un exemple révélateur ? On devait mettre fin à la présidence tournante de six mois qui donne le tournis et n’a plus aucun sens à vingt-sept. Un président élu pour deux ans et demi devait être le visage stable et la voix forte de l’UE : lui apporter l’impulsion vitale. Qui peut croire que nos dirigeants souhaitent une véritable unité politique ? Ils ont foutu un personnage sans envergure, falot, un ectoplasme inaudible avec des manettes atrophiées et ont surtout conservé le système du pays membre qui donne le La pendant deux trimestres. Le prochain, c’est la Belgique, au bord de l’implosion-scission. Comme un signe…
Autant le dire : on nous a pris pour des cons et aucune réforme réelle n’a eu lieu. Adopter un texte sans modifier ses comportements, c’est se torcher avec ses engagements en se limitant à l’annonce médiatisée. Une pratique politique de plus en plus courante.
Alors il reste quoi ? La devise « Unis dans la diversité » ? Pierre Uri, conseiller économique et financier de Jean Monnet, l’inspirateur de la CECA, résumait dans un article du Monde, le 9 mai 1975, l’état d’esprit qui régnait au début de cette incroyable initiative : « les difficultés de chaque pays étaient considérées comme des difficultés communes à résoudre en commun. » Soixante ans plus tard, tragique régression : divisés par égoïsme à courte vue serait le triste résumé à placarder au fronton d’une UE complexe par ses instances, mais sans plus aucun souffle. Alors quoi, on laisse tomber la Grèce, puis le Portugal, puis l’Espagne, puis l’indigne Irlande ?
Pour Monnet et Schuman, le mal suprême, payé si cher en Europe, est « l’esprit de domination, qui avilit autant celui qui domine que celui qui est dominé. » On n’en est pas loin.

Lundi 10 Mai, 23h04
Encore une fois, comme à la fin 2008, un vent de panique, suivi via les médias, a fait se bouger les dirigeants politiques. Rendons hommage à l’acharnement qu’ils ont mis pour aboutir à un accord crédible et spectaculaire.
La vertu des spéculateurs moutonniers ? Faire prendre conscience au peuple toujours demandeur de plus de dépenses publiques que le temps du ventre mou qui distribue à tout va doit être banni sous peine d’être mis sous tutelle et de devoir subir une rigueur drastique. La France n’a évidemment aucune leçon à donner sur le terrain de la dépense très au-dessus de ses moyens
Saluons l’époque où Bayrou en faisait un point cardinal de son programme alors que d’autres ne s’encombraient pas d’un tel objectif. Les créanciers des Etats viennent de leur rappeler la base : sans gestion saine, les prêts ne peuvent se faire qu’à des intérêts élevés. En revanche, le scandale tient dans ces spéculateurs à la baisse qui font leurs culbutes financières grâce au chaos entretenu, voire déclenché, et au fait que certaines banques ayant reçu, au moment de la crise des subprimes, un soutien des États, reprennent leur petit jeu financier sans aucune régulation.
Réaction de l’UE qui rassure un moment, le yo-yo boursier qui navre et les peuples qui attendent leur sort, peu mobilisés pour une révolte générale et sanguinaire. Tant que les matelas de protection fonctionneront, le risque sera quasi nul, mais là encore il suffit d’une spiral, d’un déclencheur…

Vendredi 14 Mai
9h52. Depuis mercredi soir à Fontès. Rencontre de Denis, le nouveau compagnon de maman. Vieux monsieur sympathique, je ne parviens pas à me départir de quelques songeries plus ou moins avouables. Après une fin de relation peu épanouissante avec Jean, la voilà rayonnante et comme rajeunie avec ce professeur de philosophie en retraite, premier amour d’enfance qui n’a plus que 23% de capacité respiratoire. L’homme, du même âge que mon oncle (à peu d’années près), fait bien plus faible, décati et marqué. Cette nouvelle, et sans doute dernière histoire sentimentale avec quelqu’un qui incarne l’exact opposé (la douceur épargnée) de Jean, mérite au moins d’y faire quelque allusion comme diariste. Mon goût forcené, presque obsessionnel, pour l’actualité politique ne doit pas racornir et assécher ma plume dès que l’intime et le familial m’inspirent des réflexions.
Je l’avoue, cette union crée pour l’instant en moi un malaise. Bien que l’oncle Paul, avec qui nous (ma BB et moi) avons dîné, m’affirme qu’il la trouve très heureuse, je ressens un affichage un chouia surjoué. J’espère évidemment avoir tort, m’être totalement fourvoyé dans ma perception, et je ne souhaite que leur bonheur absolu : mon ressenti n’a, au fond, aucune importance tant que je ne l’affiche pas, ce qui pourrait, malgré moi, blesser.
Ce choix, cette inclination, de revenir à son amour premier alors que l’homme vit d’handicapantes dernières années, a quelque chose de magnifique et peut expliquer cette densification des instants de bonheur.

Samedi 15 Mai
Écarts de vie, s’affranchir des frilosités et supposer le meilleur. L’hydre des bourrasques nettoie les nostalgies mal assumées. Douceur vertigineuse d’une Gnossienne n°5… Coco au rencart, la fragrance mélodique surpasse, enveloppe, élève… Plaise aux âmes de les titiller un semblant de fois. En casque de tailleur j’inonde les orties à portée de notes… En morceaux de Satie…

Dimanche 16 Mai
11h passé. Séjour agréable, même si je n’ai pas encore assimilé comme naturelle cette union maman-Denis. L’été devrait le favoriser. Enfin les rayons chauffants pour inspirer mes tracés aléatoires.
Depuis ce jardin, tant de fois fréquenté sous le régime affectif de mes grands-parents, découpé aujourd’hui en trois parcelles pour permettre à de plus jeunes de s’y ancrer. Comme une taille salutaire… vivifier par le raccourcissement, puis travailler à de nouvelles marques qui peupleront nos souvenirs émouvants.
Un arbre, quelques sons porteurs d’une vie apaisée, la course variée du vent, un havre à goûter pour mieux animer son propre chemin. Peu importe l’époque et ses crises quand la quotidienneté est un ressourcement permanent.
Hier, vivifiant spectacle à la médiathèque de Fontès : Marie Roannet (?), son mari et un comédien lisant, vivant une sélection de textes sur l’épicerie. Du narratif, de la relation avec moult détails pour faire frissonner un public majoritairement chenu, du polémique lyrique mis en bouche avec une lubricité rabelaisienne… le tout truffé de réclames chantées. Bon, savoureux moment.

Jeudi 20 Mai, 15h des bords du Rhône.
Toujours une jubilation pour l’esprit de suivre l’émission quotidienne du réactif Calvi. Les habitués du plateau se laissent porter par sa capacité à pointer là où ça gratouille le problème, à synthétiser en une expression tranchante ou imagée l’intervention de l’expert. Sa curiosité universelle rend toujours de bon aloi ses implications interrogatives.

Vu à nouveau l’illégitime Henri Guaino, grand défenseur de la petite cause sarkozyenne. Un rictus condescendant pour la valetaille médiatique donne l’impression qu’on l’agace profondément en osant l’interroger. La tête à claques du premier de la classe s’anime alors de tics faciaux qui décrédibilisent ses réponses. Injuste, sans doute.

Vendredi 21 mai

En retrait, sans raison
                                                                        
Du provisoire pour une poignée de décennies à goûter : le temps des gourmandises s’ancre pour affûter les sens. Les contrées s’échauffent des grognes de hordes sans illusion. Déchiquète ce qui se risque à portée ! Le hideux ballet des voraces nourrit la glose charriée par le code binaire. Un Net au fonds puant, l’échange frénétique aux nobles intérêts perdus, des décideurs politiques qui voudraient bien… Au diable les religions : du bien monnayable à la Sainte Trinité, via le Mahomet là, bien profond.
Passons le plat de la langue sur cette terre gravillonnée : à endurer comme une flagellation hiératique… dans le tendre giclant de la chair. Fondons sur l’autre pour l’étriper avant sa fatale heure. Quelques barreaux à sucer… Reste coi !
Et pourtant, un autre côté subsiste, en retrait des balises, vers cette brise qui fait chavirer les ramures, tout près du quotidien silencieux, des devoirs accomplis sans fanfare, des protections affectives qui font l’évidence. Ainsi soit le paisible monde.
Voler la cime et se parfaire en intuitions préméditées ; fendre sous le crâne pour mieux faire suinter les corps beaux ; s’affranchir du sens jusqu’à révolutionner les barbaries de circuits et de papier ; exhausser les vieux pieux sans volonté empalatoire ni obsession foncière ; rouler – sur – ses contemporains favorise la trace médiatique ; frôler la fin et pourvoir à ses appétits d’arts ; feindre sur la toile du Web d’anonymes défécations, même plus d’ornementales chiures ; je panse à tout va, donc j’essuie, avant, les plaies des bleus charcutés ; limer les tiges de pâquerettes juste pour soulever le cœur… Un signe ? Plein de virgules merdiques, point d’exclamations vivifiantes : l’âtre des latrines burine l’olfactif.
Onirique onanisme de la plume ? Certes… une pointe sans fond, mais encore libre de choisir son puits. Ôte-toi de mes ténèbres, tu m’indiffères !

Vendredi 28 Mai
Les années molles…
Des défilés surjoués, sans souffle, aux incantations dérisoires. Seul le journal L’Humanité, grotesque survivance perfusée du communisme, y voit un triomphe de la rue.
Monaco en pogne depuis le Bar américain campé rue de la Ré très publique, je m’immerge dans l’époque incertaine.
S’accrocher aux acquis fragilisés, se beurrer pour compenser l’impossible révolution, invectiver tous azimuts dans des forums virtuels sous couvert d’un très palpable et très lâche anonymat. Des encagoulés casseurs aux pseudos protecteurs, l’époque entretient ses bravaches.

Samedi 5 Juin, bords du Rhône, matin chaud.
Impossible de regarder jusqu’au bout le C politique avec Ségolène Royal en invité unique.
Une voix crispante entre deux tons, mélange d’Arletty et d’Arielle Dombasle, une façon d’accentuer certains « e » de fin de mot qui finit par exaspérer, un vide argumentatif qui se maintient vaguement par des attaques bien apprises contre l’adversaire. Un ensemble à évacuer pour éviter un mal supplémentaire à la France souffreteuse.
L’entrelacs du conflit israélo palestinien prend un tour très défavorable pour la nation de Ben Gourion. Pour contrer l’offensive semi humanitaire en provenance de Turquie, Tsahal a dépêché des troupes héliportées avec un équipement militaire inadapté au contexte. Avec la présence de prétendants au martyr sur le plus gros des navires, le débarquement devait tourner au carnage. Cette « intifada maritime », pour reprendre l’expression d’un invité de C dans l’air, va donner un nouveau souffle aux défenseurs de la cause palestinienne.

Vendredi 11 juin

Terrain d’enjeux

A ce stade avancé des incertitudes, les cages nationales déploient leurs filets clamés protecteurs, rets anesthésiants. Chacun creuse ses déficits : groins revendicatifs comme autant d’excavateurs dans des finances depuis bien longtemps épuisées. Mettre le holà à ces dépenses au-dessus de nos moyens réveillera-t-il l’envie d’un chaos collectif ? De la bouse aux godasses, oui, pour nous, les spectateurs de la tragédie financière. En cœur, l’hymne funèbre !
Choper quelques balles perdues, au rythme d’une partie à vau-l’eau : le match entre puissances nous smashe très loin. Règle universelle : ne pas laisser voir ceux qui sont à portée du gouffre. Les victimes campent toujours hors du jeu des captateurs.
Siffloter en rase pelouse, en fantasmant d’abondants feuillages, voilà la coupe sordide du monde en sursis à siffler jusqu’à sa lie. Nos années molles font le jeu des gredins en veille, prêts à tacler sans distinction les systèmes, les principes et les conventions pour que fructifie le jus crade de leurs affaires.
Reste à regarder jouer la trique du Nord qui ne laissera pas s’évader le fric du Sud. On fait mine d’accorder enfin sa chance au continent exploité, mais on confie les rênes du show à sa nation la moins clairement libérée d’une élite aux tronches pâles.
Le scrogneugneu a fini de faire la fine bouche… lèvres épaisses, enthousiastes face au ballet de gambettes qui s’élancent, contournent, se détournent pour mieux subjuguer la ligne de pieds adverses. La volée de tirs galvanisera un public aux cordes vibrantes. Aller au fond, voilà l’impératif, comme un appel des abysses.                        

Vendredi 11 juin

Domenech nique, niqué !

Raymond Domenech vient d’être retrouvé pendu au milieu de sa luxueuse suite, ultime acte de cette sordide tragédie. Dans sa poche, une lettre d’insultes : « Fils de pute, ta race on va te la faire bouffer jusqu’aux couilles ! Enculée de balance ! Coach de merde ! Tu vas crever ! » La chasse au traître, préconisée par le capitaine des bleus délavés, désormais rouge sang, s’achève. L’enquête doit déterminer les circonstances du décès.
C’est bien l’entraîneur qui avait osé révéler à sa compagne journaliste les mots doux d’Anelka. A l’affront des insultes, Domenech ne voulait pas ajouter la lâcheté du silence.
Avec cette mort violente, on doit enterrer un système qui a favorisé les salauds aux gros egos surfriqués. Ce groupe n’était qu’un conglomérat d’opportunistes. Ils cultivaient une solidarité de coqs enfiévrés pour le combat interne, certains mettant au cœur de leurs principes l’indigne omerta sur les crasses qui s’opéraient dans cette équipe de rances.
La main baladeuse de Henry, le zob suintant de Ribéry, la sale gueule d’Anelka et désormais la langue pendante de Domenech : l’aventure, non pas jouée mais tristement singée, de l’équipe nationale française se résume à un sommaire puzzle organique à gerber.

Et dire que soixante-dix ans après l’engagement d’un homme cardinal contre une calamiteuse capitulation, notre pays s’agite pour une défaite risible à la baballe. La France de 2010 a le symbole qu’elle mérite : un peu de merde sous un cadavre qui se balance…

23h18. Après ma publication de matin, d’autres pétages de plomb ont eu lieu dans l’équipe de Rances : une altercation entre le capitaine du groupe moribond et le préparateur physique avec le sélectionneur comme tampon, le refus des joueurs de s’entraîner, la lecture de cet acte de rébellion par Domenech qui se verra, en outre, interdit d’accès au bus des joueurs, la démission fracassante du directeur délégué de la FFF… Maque plus qu’un drame mortel pour que l’univers du football français s’effondre totalement.
Dans la déclaration de grève des joueurs, cette affirmation : les insultes proférées par l’antipathique Anelka n’auraient rien d’exceptionnelles. Ce serait même une « pratique inhérente au sport de haut niveau » ! Voilà donc résumé l’éthique de ces piteux modèles : aucun respect de la hiérarchie et loi du silence sur toutes les saloperies commises dans le groupe.

Mercredi 23 juin

Visez la Tête d’Or !

Rouler en équilibre : le tracé protégé m’y invite. Début de parcours parallèle aux rails, comme l’est le mur d’hommage aux grands noms de la Résistance. Ne pas renoncer, donc, même au prix de ne rien amasser, de se couper des contemporains.
Suivre la piste pour apercevoir, sur la scène d’un terrain vague, le choc entre les extensions urbaines et les cahutes de quelques réfugiés clandestins en sursis. Chaque univers a ses raisons d’être : je passe, indifférent, le vent porteur, l’oubli prématuré. Cap vers les bords du fleuve, via une artère verte, touffue, qui favorise la sérénité et conforte mes choix. Allégé de l’aliénante automobile, dispensé des transports en commun, j’aiguise ma liberté en délaissant les obsessions collectives : point de permis de conduire, sans goût pour les entassements festifs, rétif aux familiarités bien intentionnées.
Longer le courant et s’inspirer des espaces à parcourir. Une étude récente souligne la capacité des chimpanzés à guerroyer pour étendre leur territoire. Une proximité humaine qui réduit notre évolution à ses volets techniques et artistiques. L’humanisme attendra encore son heure pour élever notre espèce.
La nature au cœur de la ville, j’y suis presque : quelques tours de chaîne, des rayons qui tournoient au bon rythme, un pédalier débridé… Halte première face à l’étendue liquide bordée de touffus aux cimes dansantes. Un qui ne virevolte plus depuis longtemps, c’est l’ankylosé Jean-Luc Hees. Il a rendu son verdict contre le turbulent Guillon étiqueté « petit tyran » à l’instar de son compère Didier Porte. C’est la lourde pour le duo terrorisant. Allez enfiler vos perfidies ailleurs ! Le Val pédale dans la semoule de ses contradictions adoubées par le sphinx Hees à l’honneur ressuscité.
Halte seconde au sein de mon cocon vert favori, entretenu de près, aux atours libres. Alterner l’ombre fraîche et l’astre brûlant : rien pour heurter, un moment bisounours qui me laisse goûter à une nature domestiquée. Protégé par cette palette de verdure, je néglige mes indignations. Un peu de Django Reinhardt pour relativiser ma partition : je concerte en notations minoritaires dans ce tohu-bohu obtus.
Depuis ces terres lyonnaises, je défie ma dernière décennie du Vingtième : errance septentrionale pour une mission d’intérêt particulaire. Au bleu chaud de l’accueillante Lugdunum, se décolorent les accroches passées, les ternes saisons, les poisseuses humidités, le smegma érigé en fine liqueur, les monomanies travesties en vigoureuse idéologie.
Laissons couler et, comme dirait Michel Cymes, vive l’incontinence anale ! Signé : un diarrhéiste, pour vous maudire.

Mardi 6 juillet, 23h24
Le politologue Dominique Reynié en rogne comme jamais dans le C dans l’air du soir animé, pour la période estivale, par le bien terne Thierry Guerrier. L’émission titrée « Sarko doit-il parler ? » agace le d’habitude si posé analyste. Il pressent le pire dans cet effet de meute médiatique qui s’acharne contre le président de la République via le dépecé Woerth. Cet appel injonctif à la parole présidentielle n’a pour fondement qu’une suspicion formée par un témoignage sans preuve et sans dépôt de plainte contre le ministre accusé.
Une vraie et dangereuse dérive de certains journalistes en quête de pseudo informations qui pourront plomber un peu plus le sentiment de défiance des citoyens à l’égard de leur classe politique. Le lit douillet des extrêmes, en somme, que cette tendance prépare.
Comme le note l’un des intervenants, le journaliste Edwy Plenel, fondateur du site Mediapart, à l’origine des révélations distillées dans cette tentaculaire affaire, n’a pas hésité à exploiter les enregistrements téléphoniques opérés par l’ex majordome de la riche vieille dame Bettancourt, alors que lui-même avait été victime d’écoutes par le pouvoir mitterrandien, ce qui l’avait alors profondément indigné. Les années ont, chez certains, un effet de pourrissement des valeurs au profit… du profit immédiat.

L’accumulation de la crise économique, de la rigueur nécessaire pour désendetter l’État, des réformes difficiles pour préserver des systèmes de protection sociale en cessation de paiement et des écarts politiques avec surexploitation médiatique peut déboucher sur une vraie explosion sociale qui se partagerait entre les urnes et le pavé brûlant.

Dimanche 11 juillet
La quille pour un mois, depuis vendredi 13h. Hier la route sans encombre jusqu’au Cellier pour retrouver les parents de ma BB. Un apéritif-repas à l’air doux d’une fin de journée d’été et tour d’horizon des quelques sujets dans l’actualité familiale et nationale. Avant tout, Emma & François dans l’émotionnel processus de l’implantation d’un ovule. L’opération de rencontre spermatozoïdes-ovocyte ayant eu lieu le sept (date anniversaire de l’espéré papa) nous éviterons d’évoquer le délicat sujet en leur présence. Autre sujet, à l’autre bout de la chaîne du temps : le vieillissement des collatéraux d’André & Annette que je n’ai parfois croisés qu’une fois. Pour eux, une source de chagrin, pour moi une difficile empathie. Tout de même, qui me touche : l’affaiblissement physique du fragile René et le cancer du foie du bonhomme Albert. Comme l’a souligné ma BB, la série de décès qui se profile va concentrer les difficiles moments. Elle n’est pas allée jusqu’à évoquer que ces morts en chaîne rapprocheraient celles de ses propres parents. Évacuer cela au plus vite et goûter avec eux la douceur de ces instants qui défilent à toute allure.

Lundi 12 juillet
En ce matin de juillet breton, un ciel à la manière du sketche radiophonique de la série Toutes nos pensées diffusée sur France Inter. Des vacances commencées dans l’enthousiasme bon enfant, mais rapidement racornies par une grisaille pluvieuse. Le ton Deschiens du duo Morel-Saladin nous fait jubiler des malheurs climatiques de ce couple en quête d’un peu d’estival.
Ne jamais se fier aux caricatures : au moment d’inscrire ces lignes, une bonne moitié du ciel se peint de bleu, le soleil chauffe et nous sommes loin de replier bagages.
Retour aux premières pages de « Mon abécédaire pamphlétaire ».

A nuitée : revu cinq fois de suite la minute lévi-straussienne de Luchini sur la plage (documentaire de la collection Empreintes). Deux couples de seniors attirent son attention, notamment le « torse nu » dit « la déglingue ». Là commence un moment de génie du ressenti et de sa verbalisation. Il décèle en dérision, sans moquerie, en rapportant le cas observé à sa propre condition de déprimé qui tente de se soigner.
Le bonhomme enlève son tee-shirt, premier signe de la « rupture avec le groupe », son déplacement se fait incertain, l’errance d’un mal être et Luchini s’envole…

Mardi 13 juillet, proche de minuit
De retour du feu d’artifice du Cellier tiré au-dessus d’une pièce d’eau. Réussi. Pas trop surpeuplé.
Arrivée le soir de Louise et de sa fille Ilya qui fait petite fille dégourdie, à trois ans.
En fin d’après-midi, balade à quatre, notamment vers « la tombe du petit saint », sis au milieu d’un bois, qui rend hommage à un jeune catholique de dix-neuf ans et à son prêtre réfractaire qui se sont fait tuer par les hommes de la Terreur en l’an 1793 alors qu’une messe clandestine se tenait en présence de nombreux fidèles qui ont pu fuir à temps, un peu grâce au sacrifice du jeune homme et du religieux.

Mercredi 14 juillet
Le gag Morel-Saladin prend corps à nouveau, ce matin : de la pluie dans notre belle Bretagne… ça tombe bien, l’Abécédaire monopolise mon temps.

Jeudi 15 juillet

7h15. Maisonnée endormie. Hier, lecture en travers pour l’Abécédaire des deux années de correspondance avec Sandre. Comme un malaise au cours de cette plongée : écartelé entre une lâcheté vis-à-vis de Heïm, que je supporte de moins en moins, cette vie châtelaine qui m’apparaît comme une impasse et que je fuis dès qu’une occasion se présente, et cette vie nouvelle à  Lyon, en duo. Les contraintes économiques ont bien sûr été déterminantes. Là où Alice a mis quelques semaines pour rompre avec cet étouffant modèle, j’ai étiré le processus d’éloignement sur deux ans.
9h30. Vite, happer quelques rayons avant l’envahissement nuageux !

-       Quête religieuse : vénalité exercée sous l’emprise de la honte.

-       Climat breton : offre une diversité incomparable sur vingt-quatre heures, malgré un irrésistible penchant au couvert et au trempé.

-       De Palmas (Gérald) : le Roger Gicquel de la chanson française. Une emmerde, c’est sur ses pompes ; un malheur, direct sur sa pomme. Il parvient cependant avec brio à donner du rythme et un modulé anglosaxon à ses déprimes.

-       Brassens : divinité de la poésie musicale. Incontournable, intemporel, vital pour l’intelligence. Présente une tare définitive pour notre époque : il ne sait pas exprimer médiocrement ses indignations.

-       De Gaulle (Charles) : Général ayant connu des débuts difficiles, notamment par une difficulté extrême à se faire entendre des Français : quatre terribles années pour son Appel, douze ans pour son discours de Bayeux. Lui, au contraire, a parfaitement compris les démons de son peuple : une épuration, mais pas trop longtemps, une décolonisation, mais pas trop vite, la chienlit, non ! Le gaulliste demeure encore aujourd’hui le déguisement préféré de nos politiques.

-       Bettancourt (Les) : ce sont « des gens très ordinaires » nous apprend Jérôme Pellerin, chef de service de psychiatrie de la personne âgée à l’hôpital Charles-Foix (article paru dans Le Monde le 23 juin 2010). L’affaire aura eu un avantage : nous confirmer, s’il en était besoin, l’obscénité intellectuelle de certains prétendus experts en comportement humain.

-       Betancourt (Ingrid) : otage héroïque dont l’entendement a vite décliné après sa libération. Dès qu’on lui présentait l’acronyme F.A.R.C., elle s’écriait : « Flouze A Réclamer Comptant ! ».

-       Misanthrope : le meilleur des convives, pour un gourmand misanthrope, c’est une belle vue.

Mardi 20 juillet
Enfin ! Dimanche et lundi, radieuses journées. Hier, nouvelle escapade à Pornic avec BB et ses parents, depuis celle de juillet 2002. Le même schéma agréable du déroulement : invitation des B à une crêperie (cette fois-ci au port, sur les quais), baignade et bronzage pour nous, marche et repos à l’ombre pour eux, verres pris avant le retour.
Ce mardi, dernier jour au Cellier, le gris s’impose. Ce soir, apéritif dinatoire chez Laure & Daniel, non vus depuis l’été 2008. Demain, départ pour La Rochelle et son hôtel François 1er avant de rejoindre Fontès le lendemain.
L’Abécédaire avance, mais toujours des fautes retrouvées qui doivent traîner sur les blogs des années concernées et une insatisfaction de certaines lourdeurs de style. Je n’hésite pas à trancher dans certaines phrases, à en supprimer d’autres pour obtenir un ensemble percutant, amusant, touchant ou choquant selon la tonalité dominante retenue. Un long passage sur le Journal littéraire de Léautaud et la qualité de ce genre si méprisé a subi une implacable cure d’affinement. La pompe, voire l’emphase dénoncée par Charles Dantzig (Dictionnaire égoïste de la littérature française) s’y répandaient sans retenue. Ce travail me fait prendre conscience des fragilités et des gratuités de mon « style ». Je n’en suis qu’à l’année 2002… le début des articles pour nourrir mon blog principal révèlera, je l’espère, une maîtrise accrue des effets.
En cette page manuscrite 1984, petite pensée à Orwell et à son Big Brother, bien plus imparfaitement en place que ce qu’il escomptait, et avec seize ans de retard.
Petit mot d’esprit, sur la route vers Pornic. Alors que ma BB râle contre la lenteur d’un automobiliste, un panneau de vitesse se profile, quelques kilomètres plus loin : « tu vois, que je lui fais remarquer, il anticipe bien en amont, c’est rien moins qu’un visionnaire ! ».
Sur la plage, hier, un ensemble pour contredire ma définition de la « faune de bord de mer » : que de l’agréable, du bon enfant et du discret, réserve faite d’un quarteron d’adolescentes surexcitées et d’un duo féminin voulant manifestement faire profiter l’alentour de son échange.

Vendredi 23 juillet
 Arrivé hier fin d’après-midi à Fontès. Délicieux passage à La rochelle et dîner « Chez André », institution culinaire du lieu.
La nouvelle existence de maman se charge d’une rupture affective : avec Mona rien ne va plus. Un entrelacs de reproches réciproques justifie l’éloignement.
Beaucoup plus attristant pour moi : appris que Jean a un début de cancer. Il devrait être opéré en septembre. Qu’il s’en sorte sans dommage, mon vœu affectif pour lui dont la chaleureuse présence me manque pour ces vacances fontésoles, je l’avoue.
Hier soir, dîner en présence du plus jeune fils de Denis, J et ses faux airs de Bruce. Certainement très gentil, mais mon instinct me joue des tours. Ma nature ours a du mal à intégrer d’un coup toutes ces têtes nouvelles. Je me sens davantage en prestation que dans mon élément naturel. Espérons que cela évolue, sinon je multiplierai les moments de retrait, seul moyen de ne pas imposer mon humeur.

Vendredi 30 juillet
 Depuis le barrage des Olivettes : calme point d’eau pour une matinée dédiée à la détente multiforme.
L’adorable Nalya, six mois, goûte à l’eau dans une bouée pour bébé. Une bouille expressive, deux yeux bleus perçants, un sourire séduisant ; enthousiaste pour les initiations de la vie.
Ce matin, maman et Denis ne nous ont pas accompagnés, comme hier en fin de journée pour une marche à quatre (Nalya au vent sur mon dos) jusqu’au sommet du Vissou. Occasion d’échanges sur le changement d’ambiance avec ce nouveau duo.
 De ma part, sans que je n’y puisse rien, une réserve qui persiste. Intolérance injuste, je l’admets : cette présence substituée à celle de Jean, avec cette faiblesse, cette décrépitude physique, me gène malgré moi et les efforts de ma raison. Ma perception rend chacune de ses interventions surfaites, là où le naturel prédominait et m’inspirait de joyeuses envolées. Chez maman, un moindre rayonnement qu’en avril. Parfois, une expression propre à nos festives réunions antérieures (« amis de la poésie bonsoir ! ») pour souligner la peu ragoûtante conversation –employée alors par Jean – contraste avec le convenu du moment.
Autre différence : autant avec Marius la complicité s’est affirmée d’emblée, autant l’absence totale d’intérêt réciproque se confirme avec les deux fils de Denis, les rares et brèves entrevues se succédant.

Dimanche 15 août
 12h44. Fin de la sélection, correction et réécriture des passages de mon Journal à destination de Viser la tête ! Ouf.
La suite : du technique et de la relecture.

Samedi 28 août, 23h55
Première vague d’envoi des extraits de Viser la tête ! à une quinzaine des plus grands éditeurs. Premier refus, par courriel : Acte Sud se fend d’une lettre type me laissant deux ou trois mois pour récupérer le dactylogramme à mes frais. Il aura fallu moins d’une journée après la réception du document pour qu’ils repoussent le projet. Pas de bon augure. Je sens que l’Abécédaire va finir sur Internet, comme mon Journal.
Une fois tous les dix ans, contacter quelques éditeurs, mais pas plus. Je croyais ce projet un peu plus acceptable que le journal d’un inconnu pour une ligne éditoriale… Apparemment ça ne suffit pas… Sans entrée, sans talent, sans correspondance avec l’attente du moment, je peux tout envisager, y compris le cumul des trois, ce qui expliquerait la rapidité du refus. Attendons les autres pour être fixé.
Plon a édité l’Abécédaire mal pensant de Kahn, alors qu’il ne me fasse pas le coup de l’inadéquation avec leurs collections… autant qu’il me signifie que mon travail ne vaut rien littérairement, je serai ainsi fixé… Ceci ne voulant pas dire que nombre de ceux édités en aient davantage, mais ils ont l’avantage considérable de la notoriété préalable… Affaire d’ego, encore une fois.
Demain débarque Adèle à Lyon pour deux ans d’études. Ses parents la conduisent et nous devrions dîner tous les quatre demain soir… juste avant ma vraie rentrée professionnelle du lundi matin.

Jeudi 2 septembre
Gentil moment avec Corentin, Lydie et Adèle, mais je doute que de plus fréquentes entrevues existent avec cette dernière, bien plus emballée, et c’est bien normal, par les sphères ludiques de son âge.
Demain, départ avec ma BB en Ardèche pour un week end offert pour moitié, il y a presque un an, par Candy & Marius à  l’occasion de mes quarante ans.
Trop focalisé sur la relecture finale de Viser la tête ! pour me laisser aller à l’écriture inventive et percutante. Un minimalisme barbant, sans doute, comme pour laisser quelques repères dans le temps.
Petite promo sur le plan pro.

Dimanche 12 septembre
Au sortir du « Voyage aux confins de l’univers », au commentaire trop ethnocentré à mon goût, il reste à rendre insignifiance tout ce qui nous agite.
Sur la crête de ce qu’un système social élaboré peut nous offrir, nous réduisons la mobilisation sur le devenir de notre… retraite. Serait-ce le signe d’une décrépitude des aspirations trop contingentées par une vie à bout de souffle.
Passant, sans m’y attarder, rue de la République vendredi après-midi, le sentiment d’une tension accrue entre les groupes formés, les passants du hasard. Les plus repoussants, ces bandes d’occiputs rasés aux gueulantes insanes.
Jim passe la nuit chez nous jeudi soir, après une journée de mission à la Cité internationale : occasion d’échanger sur nos ressentis du nouvel univers affectif de maman.

Mercredi 15 septembre
L’Assemblée nationale, dans son quartier d’opposition, s’est presque crue en période insurrectionnelle. Quelques siècles en arrière et l’on aurait enfourché le président des lieux Accoyer pour faire finir sa tête au bout d’une pique.
L’ambiance se tend, partout, et la France devient le sujet de tous les défoulements, notamment de ses partenaires européens. Le Sarkozy se cabre, ce qui n’arrange rien.
A suivre, avant la chute finale…

Samedi 2 octobre, 7h13
Entre une rentrée administrativo-pédagogique bien remplie à Cqfd et des laps de temps littéraires consacrés à la lecture finale de Viser la tête !, je néglige la tenue de ce Journal-source. Nul abandon, mon équilibre existentiel en serait rompu sinon. Bientôt 41 ans… bigre ! Une seconde partie d’existence qui s’entame avec une sérénité jamais atteinte : choix de vie, modestie du parcours assumé, liberté préservée, la quarantaine en quiétude sans chercher à forcer le relationnel qui ne s’affirme pas dans la réciprocité.
A ce jour, aucun retour positif pour mon projet littéraire. A noter, tout de même, un mot manuscrit de J.-L. Choflet des éditions Hugo & Cie qui note un projet « fort, spirituel » mais n’étant pas fait pour leur couleur éditoriale. Il me conseille très gentiment de tenter Le Cherche Midi… l’envoi sera fait ce matin.

Lundi 4 octobre, 22h53
Premier échange de courriel avec maman à propos de sa nouvelle trajectoire d’existence. Ton tendu de son côté, presque froid du mien. A suivre…
Roms : selon l’adage, toutes les voix médiatiques finissent aux Roms. Amputés d’une réelle finalité de vie, ils offrent le visage miséreux de l’UE, tels des gueux du XXIème siècle.

Samedi 9 octobre

Dark Kerviel & Mister Pool

La même semaine tombe la condamnation de l’ex trader de la Société générale et j’apprends le développement en Europe, depuis deux ans, des dark pools. Sans doute mon aversion pour l’anglais qui m’a fait passer à côté de ce nouvel outil bien dégoulinant de bonnes intentions financières. Rapprochons ! rapprochons ! il en sortira toujours quelque fosse… nauséabonde.
Parmi les nombreuses accusations contre le malfaisant Kerviel, celle d’avoir persévéré dans une « stratégie occulte », dixit le jugement. Tout le monde sait bien que l’irrésistible instinct du spéculateur tient dans un goût prononcé pour la transparence. Illustrons ce trait clair de caractère par les brumeux dark pools : il y avait les bains de boue pour la peau, voici les bassins de liquidités opaques pour nous faire la peau, pour qu’enfin le système financier s’effondre. Je vends, j’achète actions, titres et produits juteux divers, mais surtout en restant anonyme ! La belle posture : tout pour ma poche, quitte à faire s’emballer la bête à dépecer jusqu’au précipice, rien, pas une cacahouète à contrôler pour les instances naphtalinées. Un ‘tit exemple d’obscène culbute qu’autorisent ces marchés de l’ombre ? Un maousse opérateur vend sa quincaille immatérielle sur une place officielle, bien en vue, sans chichi et même avec un poil d’ostentation. L’objectif : obtenir un effondrement du cours pour pouvoir la racheter clandestinement dans un dark pool. Je me crée mes propres soldes, quel pied !
Les enfanteurs de ces places sans visage, sans signature, avec ce qu’il faut de gros ronds à faire fructifier ? Les banques, au moment même où la gabegie des subprimes gangrénait les circuits financiers. Comme une immonde sortie de secours qui leur a permis de laisser leurs déchets titrisés à la charge des États-épongeurs. Et c’est Kerviel, et lui seul, qui a « porté (…) atteinte à l’ordre public économique international » ! Mais de quel ordre nous parle le tribunal correctionnel de Paris ? Celui qui permet aux établissements bancaires de parachever des zones d’anti-droit ? Avec les crossing network, décidément le jargon anglo-saxon me révulse, ils peuvent proposer à leurs plus gros clients de jouer à la bourse sans être soumis à la réglementation de cette activité. Comment ? Simplement parce que les banques ne sont pas considérées, au regard myope du droit, comme des opérateurs de marché. Cqfd. Vous n’avez pas la tronche de tueur ? L’article L 221-1 du Code pénal ne vous concerne pas : vous pouvez trucider en toute quiétude.
Interrogeons-nous sur la détermination de la Société générale à poursuivre Kerviel si, au lieu de 4,9 milliards de perte, le trader en avait fait gagner deux, trois quatre à la banque par des prises de position monstrueuses, mais inspirées. Aurait-on alors pris le risque de stopper une telle dynamique pour des règles qui ne tiennent qu’à la place attribuée à un instant donné ? N’est-ce pas davantage l’échec abyssal de Kerviel que son abus de confiance qui est sanctionné ? En outre, que penser des déclarations de professionnels des marchés financiers qui affirment l’impossibilité d’une telle dissimulation sur des semaines ? La sainte Justice a choisi de ne faire peser la faute que sur un individu aujourd’hui hors circuit, comme pour préserver la banque sanctifiée de toute attaque par des actionnaires remontés contre une négligence fautive, voire une complaisance criminelle.
S’imprégner de ces opacités liquides pour ne surtout pas se laisser couler. Un bon coup de talon salvateur…

Mardi 19 octobre, 23h24
Appris seulement ce soir la guérilla urbaine qui a pris comme scène la place Bellecour à Lyon. Toujours ces primates en bandes qui se greffent aux manifestants pour saccager, détruire, attaquer. A les voir filmés de loin, leur posture, leurs gestes, tout les rapproche des chimpanzés en groupe. Pourquoi s’embarrasser de précaution avec de tels nuisibles ? La force publique doit les écraser sans pitié. Fin du défoulement, quoique…
Savoir que ces merdes sur pattes ont détruit au cœur de Lyon… Il faudrait pouvoir défoncer légalement leur tronche d’arriérés.

Mercredi 20 octobre
Casseurs : alliés du pouvoir qui désagrègent en un temps record une manifestation déterminée mais pacifique. Capitalistes frustrés qui compensent leur incapacité à suivre le circuit légal de l’échange par la captation brutale de biens. Sont atteints d’un T.O.C. : détruire tout ce qui est en parfait état de marche et qui ne peut leur servir.

Jeunesse française : celle de 68 voulait révolutionner les consciences, celle de 2010 revendique l’allongement de son temps de sénior en retraite. Inquiétante maturité.

Dimanche 25 octobre
Au calme dans ce douillet appartement, repères ordonnés, pas d’accroche ni d’aspérité stressante, juste un tas de feuilles près de moi qui attendent ma lecture corrective.
Lyon a subi plusieurs jours d’ultra violence en son cœur historique, place Bellecour et alentour : les animaux-casseurs se sont déchaînés laissant leur sinistre trace le long des artères choisies de la ville. Impunité immédiate qui, si elle devait rester en l’état, nourrirait nombre d’autres excès.
Je ne supporte pas qu’on casse ma ville. Ces frappes cagoulées devraient être terrorisées à l’instar des peurs qu’ils engendrent.
Enfin, à C dans l’air, le dirigeant et/ou fondateur du magazine L’Etudiant souligne l’incongruité d’une jeunesse qui pousse à ce que se poursuive le creusement des déficits engendrés par leurs aînés et qu’ils auront peut-être à rembourser brutalement suite à un déclassement de la France chez les prêteurs. « L’association de malfaiteurs » des soixante-huitards qui ont profité d’un système financé par la dette arrive à terme, mais les bleus braillent pour le maintenir, s’illusionnant sur les marges de manœuvre du pouvoir. Ce n’est plus une histoire de doctrine politique, mais une exigence de réalisme qui s’imposera par la rude gestion du pays pour le demi-siècle qui vient… autant dire pour le reste de mon existence. Cela n’ira pas sans casse et sans révolte, bien sûr, mais les diktats financiers s’imposeront.

Pénibilité : trait commun de tout travail salarié en vue d’obtenir l’immobilisme fatal pour le système de retraite par répartition.

Vendredi 29 octobre
8h dans le Tchou Grande Vélocité pour visiter pôpa, Jean, Jim, Aurélia & Nalya. Petite pensée pour maman au loin dans le Sud… De bon matin, message sur Facebook et texto sur portable pour les 29 ans de la pétillante Elo. La trentaine qui se profile alors que le temps des cours particuliers en français puis en philo me semble si proche. L’instant d’un clignement de vie et nous voilà engagés pour d’autres sphères.

Samedi 30 octobre
Dans la maisonnée de Saint-Crépin, vidée des meubles et effets de maman, comme un espace en transition, mais le festif va sûrement émerger en fin de journée avec l’arrivée des deux couples bien aimés et de la grandissante Nalya.
Jean passe sur la table d’opération le 15 novembre. En espérant que tout se déroule correctement et que les conséquences soient minimales.
Le tour de chauffe social s’essouffle.

Samedi 6 novembre
Fillon : Fillon, nous et l’autre, l’agité en sursis qui accapare l’impopularité traditionnellement dévolue au Premier ministre français. Fions-nous au premier, négligeons le second. Il reste tellement à réformer… Courage, Fillon !

Jeudi 18 novembre
Comme attendu, mon Viser la tête ! n’a convaincu aucun de la trentaine d’éditeurs contactés. Certes deux d’entre eux se fendent d’un bref hommage à la vivacité irrévérencieuse du projet, mais pas suffisant pour publier. Un blog suffira amplement pour accueillir l’Abécédaire.
Pas de nouvelles de maman depuis notre échange de courriels sur son choix sentimental et mon ressenti. Un refroidissement des relations que je n’irai pas briser sous peine de ressasser les réserves émises.
Pas très enclin à l’élan littéraire ou polémique en ce moment. Ca m’endort même de tenter de sortir quelques lignes. Le contrecoup de l’Abécédaire mort-né sur le plan éditorial…
Après les retraites, qui ont monopolisé l’attention des brailleurs de toutes obédiences, le président lance un nouveau projet de réforme : une cinquième branche de la Sécurité sociale consacrée à la dépendance des personnes âgées… Terrible signe d’une société qui vieillit et dont les sujets majeurs s’arrêtent au dernier tronçon de l’existence. Une opportunité électorale pour l’agité de l’Élysée qui travaille dur sur lui pour laisser poindre une sérénité présidentielle.
Cette posture n’endiguera pas, du moins souhaitons-le, la suite de l’enquête sur la complexe affaire des sous-marins vendus à l’Afghanistan et de l’attentat de Karachi. Un vrai merdier avec mort d’hommes qui, s’il est confirmé, équivaudra quelques sanglants scandales de l’ère Mitterrand.

Samedi 27 novembre
Week-end à Fontès en prélude de la tournée familiale de fin d’année. Chacun dans sa tranche de vie tente d’en retirer le meilleur, gérant le temps qui file par des automatismes dans tous les domaines.

Dimanche 28 novembre, 22h48
Le pôpa fête ses 62 ans et la môman se porte bien. De retour à Lyon après un gentil week-end à Fontès. Sans complicité exacerbée avec son compagnon, j’ai pu m’acclimater à cette ambiance tellement moins festive que lors de nos séjours à Saint-Crépin. Cette parenthèse d’extrême convivialité côté maternel appartient désormais au passé…

Mardi 30 novembre, 23h56
Neige et froidure intense à quelques mètres de ma couche, au-delà des murs.

Jeudi 2 décembre
Bien peu d’entrain pour les envolées argumentatives ces derniers mois. Contrecoup probable d’un Viser la tête ! resté lettre-morte auprès de la trentaine d’éditeurs contactés. Une enfilade de courriers type de refus qui m’a incité à tout balancer sur le Net, comme tout le reste.
Lyon grelotte : la poudre blanche compassée se mue glace dure et casse-gueule. Le temps est redevenu le sujet premier des français… une séquence opportune pour les instances de l’exécutif. En secret, les politiques aux affaires doivent espérer la poursuite des désagréments météorologiques.

Vendredi 3 décembre
Les obsédés du complot, de la conspiration, des saloperies américaines ont dû rester sur leur faim. La fracassante moisson Wikileaks n’a rien livré d’atroce sur les secrets de la politique étrangère de l’hyper puissance. Cela devrait calmer tous ces internautes en quête de manipulation planétaire, à moins qu’il dénonce Julian Assange comme le suppôt des USA.
Que peut-on reprocher aux ambassades américaines ? Elles font leur travail d’appréciation de l’environnement dans lequel elles se situent. Aucune allusion à un plan ourdi, par exemple, pour organiser des attentats gigantesques sur son sol et les bénéfices qu’elles en auraient tirés. Combien les propagateurs de cet obscène fantasme ont bien fait de rester anonyme pour leurs moulinets psychiques.

La neige et la glace ont fait prendre conscience à de grincheux citoyens que l’État, la région, le département et la commune ne peuvent pas tout. Certains reprochent aux services publics de n’avoir pas résolu tout de suite et partout, notamment pour leur propre trajet, les obstacles au déplacement. Pour être aussi performant que le Québec, il faudrait multiplier par dix le budget consacré à cela : on aimerait alors observer la tronche des mêmes contribuables auxquels on présenterait la note. Comme aucune cohérence ne le caractérise, il aurait tôt fait de hurler contre ces augmentations. Citoyen-connard, rien de plus !
La responsabilisation individuelle, voilà l’obligation pour qu’une société fonctionne.

Samedi 4 décembre
WikiShit peut se targuer d’être le plus puissant outil de renseignements sur les citoyens… aux citoyens. Grâce à son dense réseau de satellites dernière génération, WikiShit est capable de suivre tout individu à la trace visuelle et thermique et de détailler tout ce qu’il fait, lit, écrit et, bientôt, le contenu de son activité psychique. L’utopie d’une transparence de tout pour tous à tout instant se réalise enfin, grâce aux fabuleux bonds technologiques permis par l’introduction du vivant dans les circuits minéraux. Plus de falsification possible pour ce qu’on laisse transparaître de soi via les réseaux sociaux. Désormais l’objectivité, l’exhaustivité et la vérité brute s’impose à tous. Rien de l’autre ne nous sera plus jamais inconnu.

Dimanche 5 décembre

De WikiLeaks à WikiShit

L’incontinence informative obéissant aux vagues délatrices d’anonymes vengeurs ou revanchards : voilà la charte effective de WikiLeaks. La finalité du Robin des Troie Julian Assange ne s’encombre pas de demi-mesure : devenir « l’organe de renseignements le plus puissant du monde » nourri par la trahison professionnelle portée au pinacle. Tout savoir sur tout, la transparence comme vertu première quitte à mettre en danger ceux dont les noms figurent sur des documents épars, récoltés au hasard des fuiteurs, est-ce la nouvelle étape de la mondialisation ?
Lorsqu’un Etat appelle à la dénonciation on ressent cela comme une facette à vomir du pouvoir ; lorsque cela émane d’une association privée certains se pâment devant l’initiative.
Absence salutaire dans ce bazar mis en ligne : aucun document ne venant conforter les dérives conspirationnistes comme celle des Faurisson du Onze Septembre, tout simplement parce que ces thèses ne reposent sur rien. Les coulisses diplomatiques américaines ne révèlent rien de fracassant et viennent plutôt au crédit de cette démocratie tant décriée. Allons maintenant fouiller les correspondances privées et les parcours des actants de WikiLeaks : on trouvera sans peine dans cette foule de la saloperie minable, de l’opportunisme cynique voire du criminel…
Ce site se focalise principalement sur les Etats-Unis, mais sa crédibilité ne vaut pas tripette s’il n’obtient rien sur les réseaux terroristes, sur les intégrismes divers et sur les mafias disséminées : où est l’éthique du renseignement si l’on se limite aux cibles démocratiques où les informateurs ne risquent pas réellement leur peau ?
Projetons-nous dans un siècle ou deux : un lointain descendant de WikiLeaks, que les détracteurs de la dérive pourraient baptiser WikiShit. Un peu à l’image des progrès fulgurants pour scruter l’univers, se profilera une génération de satellites observateurs associés aux innombrables données qui se cumuleront pour chaque individu. Imaginons qu’une organisation publique ou privée décide de traquer tel ou tel. Entre l’observation directe et la captation de ses traces thermiques, voire génétiques, l’IP d’un individu-cible ne le laissera pas en paix une seule seconde. Sans intérêt à l’égard de la majorité de la population, cet outil se concentrerait sur les délinquants (présumés ou réels), sur les personnalités perçues comme subversives et sur ceux occupant des postes stratégiques. Même goût pour la transparence et des moyens technologiques permettant la traçabilité totale de la cible. A qui, pour quelle finalité, cette arme sociale ? Un Big Father autrement plus puissant que le grassouillet frère d’Orwell.
Restera l’angle mort d’une vie : celui du renoncement à sortir du lot pour ne pas se retrouver avec une surveillance satellitaire imparable et violatrice de tout ce qui forme la part secrète nécessaire d’une existence équilibrée. Ainsi, la mondialisation de l’information aura non seulement rétréci l’espace-temps, mais sera aussi parvenue à amputer l’humanité de sa part vitale : la confidentialité choisie et la discrétion maîtrisée.

Vendredi 24 décembre
Traverser la France engivrée ou enneigée, selon les vallons, n’ouvre pas plus d’inspiration. Les paysages paisibles qui défilent m’extraient un temps des fracas mondiaux. Les peuples européens doivent vivre des décennies de rigueur que n’empêchera pas une sortie de l’Euro. Certains anonymes du Net accusent dans le vague l’irréalisation de l’Europe politique. La faute à qui, si ce n’est aux peuples eux-mêmes, ceux de France et des Pays-Bas, qui l’ont rejetée lorsqu’elle leur était proposée.

Samedi 25 décembre
Attente du 26 pour réveillonner avec la famille de BB au complet mais joyeuse soirée hier avec la bonne complicité de Richard et sa grande fille de quinze ans. Réparties, rigolades, saillies, tout se mêlait de bon cœur.
Le Cellier s’ensoleille dans le froid ce matin : les conditions idéales pour une promenade hivernale.

Transparence ? Transe bientôt rance !

J’ai profité des fêtes de fin d’année pour plonger dans les dizaines d’articles du Monde consacrés aux câbles diplomatiques recélés par WikiLeaks. Au contraire de ce qu’une foule haineuse escomptait, les Etats-Unis n’ont pas les coulisses de politique étrangère si breneuses que cela. Leur souci premier : la stabilité dans le respect des droits de l’homme. Pas sûr que cet objectif eût été visible dans les officines diplomatiques de nombreux autres pays prétendument démocratiques… et ne parlons pas de la terrible moisson qu’aurait permise les risques bien plus conséquents pris par des fuiteurs sis dans des nations autocratiques, la majorité de qu’on désigne sous la bisounours expression « communauté internationale ».
Sans doute ce qui explique la réaction des officiels d’Iran qui voient dans cette opération transparence la main manipulatrice du Satan américain : Assange en faire-valoir de l’hyperpuissance… Les dirigeants perses n’en sont pas à leur première contradiction.
Ce qu’il n’y a pas, dans ces 250 000 documents mis sur la place publique mondiale, c’est le fantasme conspirationniste de tous ces internautes en mal de défoulement anti-américain. Aucune volonté d’hégémonie autre que la protection normale des intérêts d’une grande nation. Le reste relève plutôt des caniveaux de Gala, Voici et compagnie. Quel intérêt pour la marche du monde de connaître l’intime jugement de diplomates sur les dirigeants de nations alliées ? Cela a-t-il eu un impact sur le devenir des relations en cours ? Pas le moindre… En revanche le projet WikiLeaks aura un effet : rendre bien plus opaque et hermétique la géopolitique déclinée par nos gouvernants. La transparence intégrale acclamée par tous ces internautes anonymes, lesquels n’ont d’ailleurs même pas l’honnêteté de se l’appliquer à eux-mêmes en signant les outrances de leur véritable identité, se résumera à quelques parcelles dénichées au sein des plus perméables sites, de plus en plus rares les années passant. La glasnost diplomatique n’aura pas lieu et les relations internationales s’en trouveront encore plus convenues, moins naturelles, hantées par le risque de fuite.
On peut enfin s'interroger sur la motivation du fuiteur, un soldat désœuvré. Cela serait-il arrivé sous la présidence Bush ? N'y a-t-il pas l'inavouable objectif de déstabiliser un peu plus la gouvernance Obama, bien moins respectée dans les cénacles militaires rigoristes ? Le plus ironique serait que la taupe nourricière des chantres de la transparence ne soit rien d'autre qu'une petite saloperie humaine aux relents racistes. Un attelage qui serait bien en phase avec cette tambouille hypertrophiée. Mais je déraisonne, sans aucun doute…

Dimanche 26 décembre
Emma & François sont attendus au Cellier en fin d’après-midi pour le point d’orgue du séjour.
Hier, balade au sein des Folies Siffait, ce projet inachevé de jardins suspendus initié par Monsieur Siffait qui voulait redonner de l’emploi aux gens du coin (on est au XIXème siècle) et offrir des vues imprenables sur la Loire et ses rivages sauvages.
Restent ces amorces de constructions officiellement interdites au public par un arrêté municipal de 1992, mais pratiquement fréquentées par les promeneurs du week end end. Une façon pour la mairie de se couvrir en cas d’accident. La réhabilitation progressive annoncée dans le texte affiché à l’entrée principale n’a évidemment jamais commencé.
Deux mille dixième page manuscrite : petit clin d’œil à la superposition du temps judéo-chrétien et de mon espace littéraire…

Lundi 27 décembre
Grisaille du matin après une soirée festive. André a prolongé le repos après plusieurs jours sur la brèche. L’âge se fait plus prégnant.
Toujours et encore gâté pour ces fêtes…

Mercredi 29 décembre
Dernière page du Manus XX : départ imminent pour Big Lutèce. Pôpa doit nous récupérer à Montparnasse pour la journée culturelle de ces fêtes : l’exposition Monet au Grand Palais avec les frérots Raph & Alex. Un succès prodigieux qui a incité les organisateurs à prolonger de trois ou quatre jours en non stop.

Blanc-seing de Saint-Sylvestre

Nuit dernière, petite poussée d’angoisse en focalisant sur l’implacable finitude existentielle. Chacun affairé à l’intendance de sa vie, les entrevues se clairsement et l’on se leurre sur la réelle teneur des liens. Reste-t-il amitié, affection lorsque plus une réunion, plus un appel ne ravive le rapport ? Les années défilent et ramène l’être sur lui, comme un repliement nécessaire ou imposé.
Voile du temps, errance inextricable, je néglige de substantifiques nectars, alimenté par le pourtour des os en vrac. La Camarde veille, camarade pernicieuse de nos instabilités nocturnes. Dérailler régulièrement pour garder saine sa rectitude et qu’elle ne se colore point du renoncement.
Trions nos échecs et conservons à portée que les recyclables, malléables en vue d’un décorum assimilable. La fresque de l’irréalisé se travestit en esquisse d’un passé idéalisé. Au souffle des sens j’égrène les laps de plaisir sans toujours accepter l’inhérence du prisme choisi.
Encore une indigeste tambouille sémantique ? Oui, et j’emmerde bien nettement les ennuyeuses linéarités narratives. Je n’écris pas pour raconter mais pour fendre l’expression sous toutes ses coutures. Ne jamais s’interdire la fulgurance de rapprochements au pays des vocables enchanteurs. A la morne plaine les frileux du bulbe qu’une saignée littéraire effarouche… Mièvre fièvre de celui qui campe dans le vocabulaire consensuel, bien de chez mou, plat convenu pour lecture élémentaire. Ne surtout pas s’y résoudre…
L’obsession d’être accessible, compréhensible hypothèque la palette scripturale un peu à la façon d’un cyber-shot qu’on priverait de quelques millions de pixels. Ne se soucier que de la densité de ses ressentis et ne pas s’encombrer des contraintes pour atteindre la multitude. Le Net a cette vertu de pouvoir laisser sa trace sans se soumettre aux fourches financières. Aux enfers du commerce les pseudos éditeurs à compte d’auteur, ces captateurs de fonds pour pondre quelques tas de papiers encollés.
J’apprends ce matin, par courriel, qu’un de mes stagiaires en préparation du concours de SPP est décédé le 24 décembre dans un accident de voiture. Pensée pour sa famille endeuillée. Lundi matin, je commence avec le groupe amputé d’un de ses sympathiques membres.

Jeudi 30 décembre
Découverte de Monet au Grand Palais : la maîtrise des transparences et des luminosités séduit.
Le film Gainsbourg (une vie héroïque) a tout du conte trop poétique pour mobiliser les foules. L’angle de traitement aurait ému le Ginsburg torturé, ultrasensible, ne se supportant pas.
Vers 15h, Jim, Aurélia et Nalya nous rejoignent à Rueil avant de nous conduire à Saint-Crépin pour la dernière étape de cette pause hivernale.

Vendredi 31 décembre, Saint-Crépin
Consultation de la boîte mail ce matin : découverte de l’emploi du temps pour la semaine prochaine, puis un courriel daté du 30 courant avec un objet couperet « info décès stagiaire ». J’apprends que Thibaut C, dans le groupe SPP, est mort dans un accident de voiture le 24 décembre. Il est précisé que le jeune garçon n’avait ni alcool, ni autre substance interdite dans le corps.
Pensée pour sa famille endeuillée. Lundi matin, je commence avec le groupe amputé d'un de ses sympathiques membres.

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